Patrice Haddad répond à vos questions

2ème partie : Le Stade Bauer, le recrutement, la formation...

Après la première partie concernant les objectifs de la saison en cours et le projet du Red Star (A lire ici), voici la deuxième partie de VOS questions au Président du Red Star.
 
Le Stade Bauer

Dans le cadre des « 100 ans » de Bauer, est-il envisagé, avec la municipalité, une manifestation pour honorer ce stade chargé, pour tous les amoureux du Red Star, d’un passé glorieux et d’émotions ?
Le centenaire du stade Bauer est bien sûr un événement majeur sur lequel nous avons travaillé depuis le début de la saison. C’est important pour ce Stade qui a accueilli de grands moments de sport et de grands joueurs. C’est aussi important pour le Red Star dont l’arrivée à Bauer marque également un second acte de naissance. Maintenant il faut trouver avec les personnes concernées, et en premier lieu la mairie, la meilleure manière et le juste moment de le fêter. Nous savons que le Collectif de supporters a choisi cette date de 2009. La mairie a quant à elle des archives concernant une inauguration en 2011. Nous travaillons de notre côté sur la recherche d’archives, avec notamment des contacts avec le club d’Old Westminster, avec qui une confrontation aurait eu lieu en octobre 1909. Il faut  que l’on trouve le moment le plus propice.
 
Quelle est votre position par rapport au stade Bauer ? Nouveau stade sur le même site ? Rénovation par tranches ? Stade dans les Docks ? (Gilles Cutulic)
Je fais partie des aficionados de Bauer. C’est un stade à part, du fait de son histoire, de son architecture, et de son atmosphère. C’est un lieu mythique qui ne peut laisser personne indifférent. Maintenant, en tant que président de club, ma préoccupation première est que le Red star bénéficie d’un lieu qui lui permette d’avancer et de se construire. Comme je le disais précédemment, le projet du club se construit sur 10 ans. Et si l’on doit classer par ordre de priorité les conditions qui permettront au club de grandir, le stade, les installations font partie des premiers paramètres. Les discussions sont en cours, la décision ne nous appartient pas exclusivement. Encore une fois, l’enjeu, c’est l’avenir du Red Star. Cela passe bien sûr par un nouveau stade, ancré dans le 21e siècle, mais aussi par des terrains d’entraînement et un environnement global autour du stade favorables au développement du club. Ce sont des sujets qui ne sont pas simples à résoudre. Il faut les gérer, ensemble, avec les différents acteurs, au profit de club et de son environnement.
 
Ne trouvez-vous pas qu’il y a maintenant un côté « sécuritaire » qui tranche avec le côté « bon enfant » de l’an dernier à Bauer ?
On n’enlèvera jamais le caractère populaire de Bauer. Maintenant les sanctions, les contraintes de la Fédération sont telles, qu’elles exigent la mise en place de règles de base. Nous devons faire preuve d’autodiscipline. Nous n’avons pas d’autres choix.
 
Comment expliquez-vous que d’années en années la pelouse du stade Bauer se détériore ? N’est-ce pas un gros handicap, pour un club qui se dit ambitieux, de ne pas avoir une pelouse digne de ce nom ?
Le terrain, c’est la scène et il doit être de qualité car le spectacle en dépend. C’est le chantier prioritaire sur lequel nous travaillons aujourd’hui. Il faut bien sûr se poser la question du synthétique. On peut s’opposer, en tant que puriste, à ces nouvelles surfaces. Mais c’est une réflexion menée par tous les clubs car les avantages sont indéniables. Il est certain que l’environnement météorologique tend à cette solution. Ce serait aussi un terrain plus favorable à l’esprit du jeu que l’on veut développer. L’équipe s’entraîne d’ailleurs déjà, au quotidien, sur un terrain synthétique à l’Ile des Vannes.  Enfin, cela permettrait d’avoir la possibilité de s’entraîner dans l’enceinte même de Bauer et d’avoir ainsi des conditions de travail très intéressantes. Maintenant, il s’agit d’un investissement conséquent et sur lequel tout le monde travaille pour trouver son aboutissement.
 
Le recrutement
 
Pourquoi avoir pris une centaine de licenciés Seniors pour 3 équipes en sachant qu’il y en a une cinquantaine qui ne joue pas le week-end ?
Les meilleures personnes pour connaître les besoins en nombre et en qualité d’une équipe, ce sont les entraîneurs, et je me fie à leur avis. Je souhaite néanmoins préciser certaines choses puisque nous sommes bien en deçà des chiffres que vous citez.  Il y a eu très peu d’arrivées dans les équipes 2 et 3 avec seulement cinq recrues extérieures. L’équipe de Fabrice Palmier a certes accueilli de nouveaux visages mais il s’agit principalement des U19 de l’année passée. Nous avons donc sur ces deux équipes un groupe de 40-45 joueurs, ce qui semble tout à fait raisonnable pour bien figurer dans les compétitions sur lesquelles nous sommes engagés.
Il y a eu, par contre, en effet, des recrutements, plus nombreux dans l’équipe 1 – avec 22 nouveaux joueurs – mais il faut se replacer dans le contexte pour le comprendre. Au regard des difficultés que l’on a connues l’année passée, il était nécessaire de recruter pour créer un nouveau groupe, avec des joueurs qui correspondent à l’identité de jeu et à la philosophie club que nous voulons mettre en place. Il faut aussi se rappeler des luttes administratives que nous avons menées jusqu’en juillet pour nous maintenir en CFA et des conséquences que cela a eu sur le recrutement avec la nécessité de renforcer le groupe en début de championnat.
 
Mieux vaut la qualité que la quantité. Pourquoi ne pas avoir recruter de bons joueurs de D2 ou de National au chômage, qui ne demandent qu’à rejouer, plutôt que de payer 20 ou 24 joueurs ?
On a coutume de dire qu’il y autant d’avis que de supporters… Nous avons souhaité recruter un groupe et non des individualités. Nous nous sommes orientés vers des joueurs qui avaient du potentiel, bien sûr, mais également un tempérament et une complémentarité. Alain Mboma a effectué ses choix par rapport à ce désir du club de construire une équipe dont chaque joueur se sent investi d’un projet global : celui du club. Et à cet égard, l’implication dont font preuve les joueurs de CFA quand ils sont amenés à jouer en équipe B est exemplaire. Les passerelles entre les différents groupes est effective et c’était aussi un enjeu de notre recrutement et de l’unité recherchée par Alain Mboma. Car si on parle souvent de la montée de l’équipe 1, la montée des autres équipes est également très importante.
 
La formation
 
Faites-vous également une priorité des jeunes du club et de la formation ?
La formation, c’est la priorité du Red Star. Les jeunes sont l’avenir du club. Ils en sont sa force. Nous avons tous les ingrédients réunis pour faire de la formation, l’axe clé de notre succès. Notre lieu : le 93 et l’Ile de France qui est un bassin inépuisable de talents. Notre identité : même si le Red Star a quitté l’élite française depuis longtemps, c’est un club qui continue d’attirer et de faire rêver les gamins. Nos hommes : Patrice Lecornu et François Gil en tête, dont le savoir faire, l’expérience, et la connaissance de la formation ont peu d’égal en France.
On sait que nous pouvons attirer les meilleurs, l’objectif est ensuite, bien sûr, de pouvoir les garder. Pour cela, il y a deux axes parallèles évidents : retrouver le statut professionnel et évoluer au plus haut niveau national dans chaque catégorie. Mais il y a aussi la nécessité de repenser le sentiment d’appartenance au Red Star. Défendre les couleurs d’un club n’est pas un vain mot. Il y a les valeurs du passé, les valeurs du présent et celles de l’avenir. Il faut tisser ce lien d’appartenance en réfléchissant sur les valeurs que nous voulons transmettre, aujourd’hui. Et, même s’il s’agit de notre activité principale, elles ne se limitent pas au football. Nous devons avoir une vision d’ensemble et une vision individuelle sur chaque joueur. Nous avons un rôle à jouer dans l’accompagnement et l’épanouissement de nos jeunes licenciés. C’est tout l’axe que nous menons avec le Red Star Lab dont les ateliers reprendront dès le début d’année 2010, avec comme mot clé dans le développement de l’individu et du groupe, ce sentiment d’appartenance.
 
Pouvez-vous nous décrire la ou les missions de Patrice Lecornu au sein du club ? (Philippe Marcus)
Sa première mission a été d’évaluer et de réorganiser la formation avec pour but d’améliorer l’encadrement, la supervision et l’accompagnement des jeunes joueurs. Cela comprend notamment la protection des jeunes joueurs – on connaît l’environnement du football qui peut vite être hostile à l’épanouissement des jeunes -, l’information auprès des familles et les synergies entre les éducateurs.
Son rôle est également de transmettre aux éducateurs, au club, l’expérience qu’il a acquise en tant que formateur, de donner les grands axes pédagogiques à mettre en place. Il est le détenteur des lignes directrices du club en terme de formation.
 
Divers
 
Où en est votre projet « Mille Etoiles » ? Combien d’entreprises ont adhéré ?
Le projet 1000 étoiles est un axe fort de notre politique. C’est un projet durable, récurrent dans des conditions fiscales avantageuses. C’est un axe de développement complémentaire au marketing sportif « classique ». Le réseau est long à monter mais il se développe au quotidien. Aujourd’hui, une cinquantaine de mécènes y ont contribué : des entreprises majeures comme Axa et des plus petites structures comme des galeries d’art, ou des agences immobilières telles Century 21. Vous pouvez donc y faire participer votre environnement !
 
Certains supporters vous reprochent vos lunettes de soleil mais n’osent pas vous le dire. Pourquoi les portez-vous tout le temps ?
Est-ce que je peux me faire excuser, en sachant que ce sont des lunettes de vue… foncées ?
 
Pouvez-vous nous dire ce que vous changeriez aujourd’hui qui n’a pas fonctionné depuis votre prise de fonction ?
Ce qui n’a pas marché, j’espère l’avoir déjà changé. Quand j’ai pris la présidence du club, je me suis principalement occupé de la structure qui était déjà en place et qui concernait exclusivement le sportif. Or la construction d’un projet sur le long terme, qui vise à ramener le Red Star au niveau professionnel, passe d’abord par la professionnalisation des structures, qu’elles soient sportives, administratives, commerciales, marketing, etc… Il fallait créer les passerelles entre chaque structure, où chacun peut se concentrer sur son domaine en s’appuyant sur les avancées des autres.  Même s’il reste toujours des choses à améliorer, les fondements sont en place.

Propos recueillis par Pauline Gamerre.



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