Arbitrage : un dosage entre fermeté et pédagogie

Interview de Riad Bouzaher, arbitre affilié au Red Star

Au club depuis quatre ans, Riad Bouzaher est arbitre en D1 et l’une des interfaces entre le Red Star et les arbitres. Il livre sa vision sur les problématiques et les enjeux de cette profession.

Comment se déroule la formation d’un arbitre actuellement ?
Les dix-sept lois du jeu font l’objet d’une formation au terme de laquelle est proposé un examen théorique qui va officialiser la maîtrise des règles de base. Une observation va ensuite se mettre en place en match officiel. Au terme de chaque saison, il y a un nouvel examen théorique, et les examens pratiques, les observations in situ, se multiplient. Les districts organisent des cours de perfectionnement, mais beaucoup ne peuvent pas se rendre disponibles pour y assister. De fait, il est possible d’être arbitre, et de rester au même niveau, alors que les lois ont pu changer, et si certaines acquisitions ne sont pas assimilées, ça posera inévitablement problème.

Des modifications minimes peuvent être apportées aux lois du jeu et passer inaperçues?
Si l’arbitre ne se tient pas informé, c’est tout à fait envisageable. Prenez l’exemple du coup d’envoi. Il y a quelques années, il n’était pas possible de marquer directement sur le coup d’envoi sans qu’une passe préalable ait été effectuée. Depuis plusieurs saisons, si le coup d’envoi est frappé directement, le but doit être validé. C’est un cas d’espèce rare, et méconnu. Après les avoir formé, il faut absolument suivre et continuer de former les arbitres pour qu’ils soient au niveau.

Les problématiques posées à l’arbitrage de l’élite sont-elles les mêmes dans les niveaux moins médiatisés ?
Dans une certaine mesure. L’élite a valeur d’exemple, donc le climat va sensiblement se calquer sur les niveaux inférieurs. Les problèmes de comportements de l’élite se retrouvent dans les niveaux amateurs.

Quel rôle doit jouer l’éducation dans la perception du rôle de l’arbitre ?
A mes yeux, c’est une question d’éducation au sens large de tout le milieu du football. Il faut ancrer le respect de l’arbitre dans à tous les niveaux. Quand il y a des écarts de langage ou de comportement, il faut une réponse de la majorité des acteurs présents. Sans cela, l’effet d’entraînement prend le dessus.

Que manque t-il au football pour parvenir à respecter l’arbitrage ?
Il faut qu’il y ait un effort à la fois du monde arbitral, et à la fois des joueurs. L’effort de compréhension doit être mutuel. L’arbitre ne doit laisser aucune ambiguïté sur sa décision, quand l’action est claire mais également quand l’action l’est moins, auquel cas la pédagogie est primordiale. Le plus délicat pour nous réside dans ce dosage entre fermeté et pédagogie.

Nous entendons beaucoup parlé de l’arbitrage à cinq. Est-ce adaptable à tous les niveaux de la compétition ?
Attendons déjà de recevoir les conclusions des expérimentations en cours. Mais au delà du bien fondé ou non de cette expérimentation, le niveau amateur souffre déjà pour avoir un officiel sur tous les matches. Nous manquons clairement d’arbitres sur tout le territoire, et à tous les niveaux. En outre beaucoup de ceux qui se lancent arrêtent très rapidement. Il faudrait déployer une politique de recrutement et de fidélisation  adaptée pour pouvoir mettre en oeuvre une telle mesure.

Propos recueillis par Michaël Grossman



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