L’actu foot vue par le Red Star

Sébastien Robert : "Penser au jeu et au plaisir de jouer"

Quand Arsène Wenger se plaignait que Chelsea ait battu Arsenal (2-0) sans avoir bien joué, Ballack lui rétorquait que « le foot, ce n’est pas seulement faire de beaux gestes techniques et de belles passes, l’objectif au foot, c’est de gagner des matches ». Confrontons les deux points de vue avec Sébastien Robert, responsable de l’école de foot du Red Star.

Sébastien, le foot affaire de beaux gestes ou affaire de résultats ?
(Sourire). Ce n’est pas aussi dichotomique ! Ballack a été à l’école munichoise où seule la victoire est belle. Et c’est vrai que le meilleur entraîneur est celui qui gagne les matches : même si on produit du jeu, on a l’obligation d’avoir des résultats. Mais je me situe sans ambiguïté dans le camp de Wenger. Je pense que quand une équipe joue bien au football, elle est souvent récompensée, et que pour avoir des résultats, il faut produire du jeu.

L’enjeu ne doit donc pas primer sur le jeu ?
Il y a toujours de l’enjeu. Mais « gagnez-moi le match et je serais content » ne suffit pas. Avant tout, les gens viennent voir un spectacle. Les supporters veulent que leur équipe gagne, mais pour que le football reste le sport numéro un, il faut que les spectateurs puissent se souvenir de beaux gestes, de belles actions. C’est primordial pour donner envie aux gens de revenir dans les stades. Les clubs qui marchent bien à l’heure actuelle sont d’ailleurs ceux qui allient les deux aspects : résultats et créativité. Il suffit de voir Barcelone…
 
Quel discours peut-on tenir à de jeunes joueurs tels que ceux que tu gères dans tes fonctions de responsable de l’école de foot concernant la dichotomie entre jeu et enjeu ?
Fêter la victoire, encourager la performance, c’est bien entendu important. Mais si on pouvait se priver de parler d’enjeu jusqu’aux U15 ou même U17, ce serait l’idéal. Si un entraîneur ne parle que de l’équipe adverse pendant son discours d’avant match jusqu’à l’âge de seize ans, c’est qu’il n’a rien compris. La compétition, il va la connaître. Elle est quotidienne. A l’entraînement, il doit gagner sa place pour être dans l’équipe le week-end. Il faut être bon pour garder sa place pour le match suivant. Ca fait partie des acquis. Mais la victoire impérative dénature le joueur, qui ne pourra pas se lâcher. Un joueur comme Ben Arfa a par exemple besoin de s’éclater sur un terrain. Si on commence à lui dire que le seul objectif est la victoire, il n’apportera ni les qualités pour lesquelles l’équipe l’a recruté, ni les spectateurs que sa créativité amène au stade.  Notre rôle d’entraîneur est de mettre les joueurs dans les meilleures dispositions possibles pour qu’il donne le meilleur de lui-même, en pensant au jeu et au plaisir de jouer.

Propos recueillis par Michaël Grossman  



Voir les autres articles