Red Star International : Le Red Star et la Russie

Ces Russes qui ont marqué l’Etoile Rouge !


En 1814 quand l’armée russe d’Alexandre 1er entre dans Saint-Ouen, ses intentions sont loin d’être amicales ! Il s’agit pour le Tsar de rétablir la monarchie en France. Le château de Saint-Ouen est le théâtre de la signature de cet acte de restauration. Presque deux cents ans plus tard, ce ne sont plus des tsars, mais des stars russes, trois précisément, qui débarquent en Seine-Saint-Denis, dans les années 90, avec bien d’autres visées : faire découvrir au public de Bauer le football venu du grand Est. Portraits !

Un précurseur : Alexander Bubnov
Il est le premier à quitter Moscou à l’heure où de grands bouleversements se préparent dans son pays. Mais en 1989, Alexander Bubnov est encore un international soviétique qui sort d’un Mondial mexicain plutôt réussi avec sa sélection d’URSS (huitième de finaliste). Défenseur de métier, rugueux, Bubnov est un homme attachant. Très vite, le public audonien l’adopte, l’affublant du surnom de Sacha. Ancien libéro du Spartak, fort de quarante sélections en équipe nationale, Bubnov est un joueur expérimenté recruté pour stabiliser la défense des Vert et Blanc. Mais son transfert est aussi un énorme coup médiatique : il arrive en même temps que le capitaine de la sélection américaine Hugo Pérez… en pleine guerre froide. Le symbole est beau mais sur le terrain l’alchimie tarde à prendre, le club termine dix-septième avec l’avant-dernière défense de Division 2. Bubnov marque une fois et met un terme à sa carrière de joueur pro. Son état d’esprit irréprochable et son amour pour le Red Star le propulse néanmoins entraîneur-adjoint de Michel Rouquette la saison suivante (1990-1991). Celle de la signature de ses deux compatriotes et du début d’une nouvelle aventure pour Sacha.

Un talent brut : Fiodor Tcherenkov
A l’éte 1990, Sacha est donc rejoint par deux autres internationaux soviétiques : Tcherenkov et Rodionov. « Les supporters n’ont d’yeux que pour ces deux authentiques stars du football européen arrivés du Spartak Moscou ». (Red Star, Mémoire du football*). Fiodor débarque auréolé d’un titre de meilleur joueur du championnat de son pays (1989). Une distinction qu’il avait déjà remportée en 1983 ! Médaillé de bronze aux jeux olympiques de 1980, Tcherenkov est, pour Patrice Lecornu, « le plus grand talent » qu’il ait vu évoluer sous les couleurs du Red Star. Le compliment est immense mais la réalité moins réjouissante pour l’élégant attaquant. Auteur d’un unique but en début de saison, il ne s’acclimate pas aux exigences du championnat français et erre dans l’ombre de son ami et coéquipier Rodionov qui connaît, lui, plus de réussite. Ses difficultés d’adaptation associées au spleen de son pays natal, le contraignent à un départ prématuré en décembre, six mois seulement après son arrivée. Son séjour garde pour tous un goût d’inachevé tant la classe de ce joueur aurait dû éblouir Bauer.

Une icône : Sergueî Rodionov
Pour reconnaître les deux joueurs à leur arrivée, on surnomme très vite Rodionov « le blond » par opposition à Tcherenkov, « le brun ». Le grand blond (1m86) est une icône dans son pays, buteur en coupe du monde (1986), triple champion d’URSS (1979, 1987, 1989), sa signature au Red Star, alors en deuxième division, est un coup de théâtre, qui déclenche une immense espérance dans tout Saint-Ouen. Le 25 août, ils sont 4000 à assister au premier but de leur attaquant vedette contre Rouen (2-0), un match qui clôture une série de six matches consécutifs remportés ! Au sortir de l’été, le Red Star est un solide leader du championnat à qui l’on prédit le meilleur. La suite, hélas, est de moins bonne facture : Rodionov n’inscrit que deux buts supplémentaires, et les Audoniens n’augmentent leur total de victoires que de trois unités pour finir à la dixième place. La saison suivante (1991-92) voit le Red se doter d’une attaque de feu : Samuel Michel et Steve Marlet, les enfants du club, et Safet Susic, transfuge du PSG viennent aider le grand Sergueï. Le quatuor porte le Red jusqu’aux portes des demi-finales de Coupe de France et finit treizième de D2 avec quatre buts de Rodionov. Mais la saison la plus aboutie est la dernière de Rodionov en France (1992-93), avec Timothée, Michel et Marlet, le Red Star manque la montée de peu et termine quatrième. Rodionov rentre chez lui, laissant les Vert et Blanc en D2 comme lorsqu’il était arrivé, son pays lui a changé : l’URSS est redevenue la Russie.

Ce qu’ils sont devenus
Alexander Bubnov : consultant pour un média sportif en Russie
Sergueï Rodionov : entraîneur-adjoint au Spartak Moscou

François-Xavier Valentin

* Red Star, Histoire d’un siècle de Pierre Laporte et Gilles Saillant, à découvrir ou redécouvrir sur la boutique officielle !



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