Le Red Star et la CAN (II)

Les souvenirs de Vincent Doukantie

Il y a onze ans, le Mali accueillait la Coupe d’Afrique des Nations. Vincent Doukantie, aujourd’hui entraîneur du Red Star, faisait partie de la sélection. Un souvenir inoubliable et une épopée qui a marqué tout un peuple puisque les Aigles s’étaient hissés en demi-finale. Rappel des faits.

Des débuts idéaux
Tout a commencé par un appel, comme souvent en sélection. Un appel à rôles inversés puisque c’est Vincent Doukantie qui a contacté la Fédération malienne : "J’ai fait la démarche de leur signaler que je possédais la nationalité, je suis né en France donc ça ne coulait pas de source. Les dirigeants ne le savaient pas et l’ont très bien accueilli" se remémore le coach audonien. Un coup de téléphone comme un déclencheur puisque quelques semaines plus tard, le jeune Vincent (24 ans) reçoit sa première convocation…quelques mois avant le début de la Coupe d’Afrique ! Pour ses débuts en amical sous le maillot des Aigles, le tout neuf numéro 14 marque les esprits mais pas seulement puisque le milieu relayeur inscrit également un but sur coup franc (8e) face au Maroc (2-1) à l’occasion de l’inauguration du stade du 26 mars (55 000 places) à Bamako. Une première réussie et une place dans les 22 pour la CAN en poche ! "Commencer ainsi c’était juste parfait, ça m’a donné la chance de disputer une grande compétition internationale dans mon pays" confie celui qui a mis fin à sa carrière de joueur en 2011.

La CAN et la ferveur
En sélection, le Strasbourgeois retrouve d’autres anciens Audoniens comme lui : "Il y avait les frères Diawara (Fousseini et Samba) puis plus tard Brahim Thiam. Quoiqu’il en soit, je ne suis pas arrivé dans l’inconnu, l’ambiance était extra, nous formions une vraie bande de potes.". Brillamment sortie des poules après avoir notamment disposé de l’Algérie dans le groupe A (2-0), l’équipe d’Henri Kasperczak affronte l’Afrique du Sud à Kayes. Dans un stade Cissoko largement plus rempli que sa capacité officielle (15 000 places) ne l’annonce, les Aigles l’emportent (2-0). Vincent Doukantie lui suit cela du banc : "J’avais refusé de jouer latéral car ce n’était pas mon poste… Quand on est jeune, on fait parfois des choses que l’on regrette par la suite" mais savoure malgré tout la qualification en demie, un exploit que la sélection n’avait réussi qu’une fois dans son histoire (1994). Avant le match historique contre le Cameroun, Vincent Doukantie avoue sentir "le soutien de tout un peuple". "C’était une sensation incroyable, partout, tout le temps, les gens ne parlaient que ça, n’attendaient que cette rencontre. Ces jours-là, j’ai compris ce que signifier « jouer pour son pays ».". La demi-finale, Doukantie n’en jouera qu’une mi-temps (la deuxième au poste…de latéral). Trop tard pour rattraper le retard de deux puis trois buts concédés par son équipe (défaite 0-3 face aux Lions Indomptables d’Eto’o). Le match contre la troisième place reste le seul regret d’une aventure gravée dans sa mémoire : "On s’incline d’un but face au grand Nigéria d’Okocha, Kanu ou Ikpeba. On aurait aimé finir en apothéose mais ce n’était pas n’importe quelle équipe en face.". Au total, Vincent Doukantie comptera quinze capes en sélection : "Après 2002, c’est devenu difficile. Avec l’émergence de Seydou Keita, Mamadou Diarra ou Momo Sissoko à mon poste, la concurrence était rude ! "  Son attachement lui est éternel : "Cette année je les suis encore et comme il y a un peu plus de dix ans je les vois bien atteindre le dernier carré". Le pari est pris !

François-Xavier Valentin      



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