Wilfrid Debaise

"Nestor Combin voulait rendre les supporters heureux"

Supporter du Red Star depuis plus de quarante ans, Wilfrid Debaise (à gauche) a rencontré Nestor Combin. Ce document exclusif - que nous vous dévoilerons à 18h00 - offre une rencontre inoubliable avec ce joueur surnommé "la foudre" pour la puissance de sa frappe. Pendant deux saisons Nestor a fait vibrer les foules audoniennes. En amont de la diffusion, nous vous proposons une interview de Wilfrid, supporter réalisateur !

Comment est née votre passion pour le Red Star ?

Je suis un supporter du Red Star depuis le début des années soixante-dix, je devais avoir une dizaine d’années lorsque j’ai commencé à suivre le club. J’habitais dans un HLM pas très loin du Stade Bauer et une personne qui résidait dans le même immeuble me voyait souvent seul, sans réelle occupation les week-ends. Il m’a alors proposé de venir au stade avec lui. Il s’occupait de la sécurité les jours de matches. Il m’a fait rentrer partout dans le stade. Je suis allé dans les vestiaires, sur le terrain, pour prendre des photos. J’en garde un souvenir impérissable. C’est comme ça que je suis devenu supporter. C’était en 1972. L’année d’après Nestor Combin a signé. On a vécu une saison fantastique avec la montée du club en première division.

Vous avez justement rencontré Nestor il y a quelques semaines !

J’ai eu la chance de rencontrer ce grand joueur de l’histoire du club. J’ai été marqué par cet homme lorsqu’il était joueur, mais je l’ai également été quand je l’ai rencontré. J’étais ému de le voir. D’ailleurs il avait du mal à croire qu’un supporter de la région parisienne se soit déplacé pour le rencontrer. Il avait les larmes aux yeux. Aujourd’hui je suis en train de réaliser un documentaire sur chaque montée : Celle de 1974 et celle de la saison passée lors du titre de champion de National. Pour alimenter ce reportage nous avons donc décidé de réaliser une interview de Nestor Combin, auteur de 24 buts en deuxième division.

Que représente Nestor Combin pour vous ?

Il est l’un des plus grands joueurs de l’histoire du Red Star. International français à huit reprises, il a inscrit quatre buts avec le maillot bleu. Il a également remporté la Coupe de France avec l’Olympique Lyonnais (1964), la Coupe d’Italie avec la Juventus (1965) puis avec le Torino (1968) mais aussi la Coupe Intercontinentale avec l’AC Milan (1969). C’était une grande surprise de voir un joueur de ce niveau signer au Red Star. Il n’était pas tout jeune (trente-trois ans quand il rejoint le Red Star en 1973) mais il a fait une saison fantastique sous le maillot vert et blanc.

Quels sont vos souvenirs des matches du Red Star ?

C’était une ambiance différente à l’époque. Face aux grosses écuries du championnat de première division, il y avait beaucoup de supporters adverses qui venaient. Lors des matches face à Marseille, Lille ou Rennes, toutes les personnes qui habitaient à Paris mais étaient originaires de ces villes venaient supporter leur club. Mais il n’était pas rare de voir les supporters adverses finir par encourager le Red Star, on était le petit club du championnat, mais on s’attirait beaucoup de sympathie. Il y a toujours eu une dimension populaire et une forte mixité sociale dans les tribunes. On peut encore aujourd'hui voir des gamins d’une dizaine d’années dans les tribunes, mais aussi des personnes bien plus âgées. 

Quel souvenir gardez-vous de Nestor Combin ?

C’était un joueur à part, il jouait avec le cœur. Loin des standars actuels du footballeur. Il se faisait du souci quand il n’était pas performant. Il pensait d’abord aux supporters qui payaient leur place pour venir au match.Nestor Combin voulait rendre les supporters heureux. A la fin des matches il venait boire un verre avec les supporters. Je garde un souvenir fantastique de ce joueur. Ce dont je me souviens surtout c’est sa frappe de balle. On le surnommait "la foudre", pour sa puissance de tir. Lorsque le Red Star obtenait un coup-franc tout le stade retenait son souffle. Un joueur mythique pour un club mythique.

Propos recueillis par Paul Ducassou



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