ENTRETIEN AVEC NICOLAS DOUCHEZ


C'est avec une immense fierté que le Red Star accueillait samedi dernier dans ses rangs Nicolas Douchez. Le portier, aux quatre titres de champion de France, élu meilleur gardien de Ligue 2 il y a deux ans, se donne un petit mois pour être à son meilleur niveau. Entretien.

Qu’est-ce qui t’as convaincu de venir au Red Star ? 

Parce que c’est Paname ! Le président m’a vraiment donné envie de continuer ma carrière et de venir ici. Dans les discussions que j’ai eues, j’ai mesuré à quel point il croit en son club. Il veut faire du Red Star FC un très grand club. On s’est vu une fois, deux fois, trois fois… Plus les discussions avançaient plus la flamme de joueur et de compétiteur qui est en moi s’est rallumée. J’ai eu envie de relever un nouveau défi. Ça me plaît de me dire que je peux sûrement aider une équipe qui est relativement jeune et un club qui veut se stabiliser en Ligue 2. 

C’est assez fort ce que tu dis, un président qui t’as redonné le goût de jouer, pourtant tu en as fait beaucoup des matches…

Des fois, tu as des sentiments sur lesquels tu as du mal à mettre des mots. Mais au bout d’un certain temps ça devient évident. Je ne fais pas ça pour mon image. Bien sûr si j’étais monté avec Lens en Ligue 1 il y a deux ans ça aurait été plus facile d’arrêter pour moi. Mais Emmanuel Bourgaud en a décidé autrement (rires). [ndlr : Il y a deux ans, lors de la dernière journée du championnat, Bourgaud qui joue alors à Amiens marque dans les ultimes secondes le but qui empêche le RC Lens de monter et permet à Amiens l’accession en Ligue 1] Cette force et cette détermination que le président du club a, et qu’il transmet dans les discussions te donne envie de croire au projet et d’y contribuer. C’est un métier que j’aime tellement que je ne peux pas le faire à moitié. Soit je vais tous les jours sur le terrain en ayant le sourire et en étant content, soit j’arrête, et là je sais que je vais retrouver ce plaisir.

On dit toujours que le poste de gardien est un poste particulier. C’est peut-être encore plus particulier pour toi d’arriver dans un nouveau club avec toute l’expérience et tout le bagage que tu as pu accumuler sur ces années au plus haut niveau…

C’est un poste particulier, oui, mais c’est mon poste, je ne connais que ça. Je le vois comme un poste normal même si je sais qu’au fond il y a des responsabilités différentes. On a pas le droit à l’erreur, mais c’est ce qui fait tout le charme du poste. C’est pour ça que je l’aime, pour le côté adrénaline qu’on peut avoir par moment qui est assez fort. On se dit qu’on peut essayer de sauver les erreurs, des uns et des autres, rattraper des coups, par des arrêts, des parades. Mais Il y a aussi le mauvais côté, quand tu te troues il n’y a que le filet qui arrête le ballon.

On va partir de Bauer qui est le temple du Red Star et de ses supporters pour aller à Beauvais. Comment accueilles-tu cette nouvelle ? 

Pour moi et encore plus pour les supporters, c’est une vraie déception. Il y avait l’option Colombes qui était une bonne solution mais il y a des gens qui en ont décidé autrement. Des fois on a des bâtons dans les roues, mais il n’y a plus qu’à les enlever et se servir de ça pour avoir encore plus de détermination. Utiliser cette frustration pour avoir encore plus envie d’inverser la tendance et se dire que la meilleure des réponses sera sur le terrain. Ça va être compliqué de s’approprier un stade qui est aussi loin parce qu’il y des gens qui ne viendront pas. Mais c’est pour une durée limitée. D’ici quelques temps, le club retrouvera son stade et notre objectif est d’être au minimum en Ligue 2 quand le Red Star reviendra à Bauer. 

Tu arrives dans un club qui a beaucoup d’Histoire, tu auras joué dans les deux clubs les plus vieux de France (il a évolué au Havre au début de sa carrière). 

J’ai 38 ans, c’est peut être un petit signe du destin (rires). Mais c’est aussi pour ça que le Red Star est un club particulier. Pour moi qui ai grandi à Paris, c’est un club incontournable de la région. Si je peux aider ce club avant de finir ma carrière ça sera avec énormément de plaisir. Je viens ici avec beaucoup d’envie et de détermination. Je pensais finir ma carrière au PSG. Avec la saison dernière j’ai cette part de frustration et de me dire que ça fait dix-neuf ans que je suis pro et que je vais bientôt terminer ma carrière, tous ces sacrifices, tout ça pour finir comme ça, c’est moche. J’étais prêt à le faire mais ça m’embêtait vraiment. Des fois tu te mets des principes dans la tête et tu t’imagines des choses. Je trouve ça plutôt sympa de finir en Île-de-France là où j’ai commencé, dans un autre club et avec des ambitions différentes, un objectif différent, un nouveau projet, c’est cool, ça me plaît et je suis content.

Tu connais les autres gardiens du club ? 

J’ai regardé leurs parcours mais je ne les connais pas personnellement. Mais pour moi c’est toujours un plaisir d’échanger, de découvrir et de travailler avec d’autres gardiens. Encore une fois, même si j’arrive avec beaucoup d’expérience et pas mal de vécu, je viens sur la pointe des pieds et je ne veux pas venir en disant : « C’est moi, je m’impose ».  J’arrive discrètement et je vais tout faire pour que ça se passe au mieux sur le terrain avec eux, avec les partenaires et tout le monde. 

Propos recueillis par Paul Ducassou.



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