NESTOR COMBIN

Nestor Combin,  dit « La Foudre »


Fondé en 1897, le Red Star FC a vu depuis sa création bien des joueurs porter ses couleurs. Parmi tous ces athlètes, des grands noms se démarquent. Découvrez le troisième épisode de la série Legacy joueur avec Nestor Combin, buteur spectaculaire des années 1970.

Couverture de Mag Sport, saison 1973 – 1974

Né le 29 décembre 1940 à Las Rosas en Argentine, Nestor Combin a connu bien des clubs avant de porter les couleurs du Red Star. Formé à l’OL, il devient un joueur de l’effectif professionnel (où il côtoie notamment Fleury Di Nallo) de 1959 à 1964, année où il connait sa première cape en Équipe de France. Il cède la même année aux sirènes de l’Italie, où il restera six ans. Après avoir évolué à la Juventus, chez le rival Torino puis à l’AC Milan, l’attaquant effectue un retour en France en 1970, à Metz.

Nestor Combin (à gauche), en compagnie de Fleury Di Nallo (à droite)

Trois ans plus tard, l’Argentin quitte l’Est de la France pour poser ses valises au Red Star. « Je me souviens de la façon dont s’est déroulée ma signature », raconte-t-il. « Avec Metz, on a croisé l’équipe du Red Star en championnat et je savais que leur entraîneur, José Farias était Argentin, tout comme moi. Nous avons discuté et il m’a demandé si je comptais mettre un terme à ma carrière. J’approchais les 33 ans, je lui ai répondu par l’affirmative. Mais il a insisté pour m’avoir dans son effectif. J’ai finalement accepté. » Très vite, le buteur spectaculaire est adopté par le public de Saint-Ouen. Nestor va marquer les supporters durant ses deux saisons. Réputé pour ses frappes puissantes, Nestor Combin était un joueur humble et parlait peu, préférant s’exprimer sur le terrain : il est auteur de vingt-sept buts en trente-sept matches lors de sa première année, terminant meilleur buteur de Division 2. L’année suivante, il compile seize buts en trente-et-un matches.

Combin face à l’OM de Trésor, saison 1974-1975

Celui qu’on surnommait « La Foudre » garde un excellent souvenir de son passage à l’Étoile Rouge : « Le Red Star, pour moi, c’était comme ma famille. On échangeait avec toutes les personnes qui travaillaient pour le club, je me sentais bien avec car c’était des personnes sincères. J’avais le souci de satisfaire les supporters. »

Extrait de France Football, saison 1973-1974

Une anecdote tristement célèbre lui est également associée : le 22 octobre 1969 à la Bombonera de Buenos Aires, Nestor Combin et l’AC Milan jouent face à Estudiantes La Plata le match retour de la finale de la Coupe intercontinentale, l’ancienne Coupe du monde des clubs. Vainqueurs à l’aller 3-0, les Milanais se déplacent en confiance. Mais à cette époque régnait en Argentine une atmosphère particulièrement oppressante, dûe à la dictature militaire dirigée par le général Juan Carlos Ongania, un homme peu tolérant. Cela a par exemple incité les joueurs du Racing Club à intimider ceux du Celtic la première année, puis les joueurs d’Estudiantes face à ceux de Manchester United. Mais cette année, l’AC Milan compte dans son effectif Nestor Combín, qui va susciter la haine du public de la Bombonera ce jour-là.

Dès la sortie des vestiaires pour l’échauffement, certains joueurs sont aspergés de café bouillant. Des ramasseurs de balle visent les Milanais avec des ballons. Tout cela, sans que la police n’intervienne. Pendant la rencontre, les Argentins multiplient les agressions. C’est alors que le défenseur Ramón Aguirre Suárez assène à Combín un violent coup de coude dans la face. « La Foudre » a le nez explosé et la mâchoire déboîtée. Expulsé, Suárez quitte le terrain acclamé par le public. Combin est évacué du terrain à moitié conscient, son maillot blanc tacheté de sang. C’est alors que le plus incroyable se produit : les forces de l’ordre menottent le joueur et le mettent en état d’arrestation ! Motif ? Désertion, pour ne pas avoir répondu à sa convocation pour effectuer son service militaire quelques années auparavant. La mère de Combín est, impuissante, témoin de la scène, elle qui avait fait spécialement le déplacement pour voir pour la première fois son fils jouer en professionnel.

La rencontre se termine dans le flou total : Estudiantes remporte le match 2-1, mais perd la double confrontation et laisse les Milanais soulever le trophée. Mais les célébrations sont de courte durée : nous sommes sans nouvelle de Combín, qui passera deux jours en détention préventive avant d’être libéré. Trois joueurs seront condamnés à de lourdes peines dont le gardien Polletti, qui avait multiplié les provocations et les coups bas durant tout le match, à qui le football professionnel a été interdit… À vie.

©Collection Gilles Saillant



Voir les autres articles