BAUER LEGACY #10

LE STADE BAUER, SES ORIGINES, SON HISTOIRE – ÉPISODE 10


Depuis 1909, le Red Star écrit sa légende à Saint-Ouen. Plongez dans un récit fascinant, en découvrant en plusieurs parties l'histoire du Stade Bauer. Après le retour dans le monde professionnel, le Red Star retrouve la D2 et enchaine les saisons de qualité, mais à l’aube de l’an 2000, la question de la rénovation du Stade Bauer se pose déjà.

LE RED STAR SE STABILISE EN D2

Après une saison compliquée en 86/87, le Red Star retourne en troisième division. C’est Philippe Troussier qui est nommé à la tête de l’équipe avec pour objectif de remonter directement. À Bauer, les supporters du Red vont vivre une belle saison, l’Étoile Rouge est dans la course à la montée jusqu’à la dernière journée mais c’est son voisin francilien Créteil qui lui ravit la première place pour un petit point. Dans la lignée de l’exercice précédent, le Red Star ambitionne la montée pour la saison 88/89. Objectif atteint pour Troussier et ses hommes, auteurs d’une saison de haute volée ! Avec l’embellie sportive, le Red Star souhaite moderniser et rénover son enceinte, déjà vétuste malgré les derniers travaux de 1975. Un véritable combat pour l’Étoile Rouge qui ne trouvera son épilogue que 35 ans plus tard.

Pour son retour en D2, le Red Star voit les choses en grand avec un recrutement XXL. Bubnov, international russe rejoint Saint-Ouen en provenance du Spartak et Hugo Perez, capitaine de la sélection américaine, débarque lui aussi au Red Star. Le premier joueur des États-Unis à signer un contrat professionnel en France et un joli symbole pour le club de réunir un Soviétique et un Américain sous les mêmes couleurs pendant la guerre froide.


Le Red Star cultive sa différence en signant Hugo Perez, capitaine de la sélection américaine et Alexander Bubnov, international soviétique, en pleine guerre froide

Malheureusement sur le terrain, l’Étoile Rouge ne brille pas vraiment et se dirige tout droit en division 3. Mais à quelques jours de la reprise de la saison 90/91, le Red Star apprend que le club est repêché en D2 ! Avec une préparation tronquée, le Red Star réalisera un début de saison parfait avec 6 victoires en 6 matchs ! Bauer retrouve sa ferveur et applaudit les exploits des audoniens et de la nouvelle recrue soviétique Rodionov. Mais le club n’était pas programmé pour jouer la montée et malgré ce début de saison canon, finit à la 10ème place, assurant le maintien.

Safet Susic, rejoint le Red Star la saison suivante, l’artiste Yougoslave ne marquera pas de son empreinte le club de Saint-Ouen, contrairement à Robert Herbin, dit le sphinx, qui emmènera le Red Star à la 5ème et 4ème place de D2 ! C’est aussi l’occasion de fêter le 1000ème match de l’histoire du club. Christian Laudu et André Simonyi sont invités pour donner le coup d’envoi à Bauer. 1000 matchs plus tard et malgré les péripéties, le Red Star est toujours debout ! Toujours à l’affut en D2 et emmené par son « carré d’as » Timothée, Marlet, Michel et Mauricio, le Red Star n’arrive pas à accrocher le podium lui permettant de retrouver la D1.


Le « sphinx »  Robert Herbin a failli mener le Red Star en D1 lors des saisons 92/93 et 93/94

LA RÉNOVATION DU STADE BAUER

La saison 96/97 est doublement historique puisque c’est celle du centenaire mais aussi la dernière qui se jouera dans cette version de Bauer. La décision est prise de rénover le stade ! Les décideurs de cette question semblent s’être enfin mis d’accord pour livrer le stade pour l’an 2000. Après des années de négociations, les planètes semblent alignées pour donner au Red Star une arène digne de ce nom.

En attendant, l’Étoile Rouge s’exilera à Marville, son actuel centre d’entrainement et académie. La presse de l’époque est formelle. Le Red Star jouera enfin dans son grand stade ! Un projet de 15.000 places est à l’étude et la future enceinte servira de lieu de vie au quartier Bauer et aux audoniens. Cependant, malgré l’optimisme affiché par les dirigeants du Red Star, le dossier semble encore une fois bloqué notamment à cause du prix de la rénovation.

Lassé par les interminables discussions, le Red Star commence de plus en plus à lorgner sur une autre solution, quitte à délaisser son stade mythique. La construction du plus grand Stade de France en Seine-Saint-Denis semble être une aubaine pour l’Étoile Rouge qui veut se stabiliser au haut niveau et disposer d’un stade lui permettant de jouer en D1.
C’est officiel, le Red Star abandonne l’idée d’une rénovation et présente son dossier afin de devenir le club résident du Stade de France.

LE RED STAR AU STADE DE FRANCE ?

L’État cherche à l’époque à trouver un club résident. Séduit par le projet et la perspective de jouer dans le plus grand stade de France et l’un des plus grands d’Europe, le Red Star porte sa candidature, abandonnant ainsi l’idée de rénover son stade historique. L’excitation est palpable, à Saint-Ouen. Jouer dans un stade de 80.000 personnes tous les quinze jours donne des envies de grandeur au club qui se montre très ambitieux. Le message est clair, si le Red Star migre à Saint-Denis, c’est pour retrouver sa gloire d’antan. Les investisseurs se montrent eux aussi intéressés et attendent la décision de l’État pour accompagner le club.

Le premier avis du consortium du stade de France est favorable. Comme le titre la presse « Le Red Star a réussi son grand oral ». Après tant d’années de surplace et malgré l’abandon de son stade mythique, le Red Star commence à apercevoir un futur radieux lui permettant de retrouver l’élite du football français. Malheureusement, le consortium ainsi que le ministère des sports mettent leur veto après une deuxième consultation. Les garanties financières n’étaient pas suffisantes pour permettre au Red Star de devenir le club résident du Stade de France. Le Red Star ne pourra pas jouer au Stade de France et ne pourra pas non plus jouer au Stade Bauer la saison suivante. Le club en désaccord avec la mairie de Saint-Ouen avait effectué des démarches afin de délocaliser l’équipe pro au parc des sports de Marville. Le début d’une ère noire que l’Étoile Rouge connaitra loin du Stade Bauer.

Archive personnelle de Gilles Saillant
Les photos sont tirées du livre « Mémoire du Football Red Star » par Pierre Laporte et Gilles Saillant



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