Interview d’Emmanuel Teta, éducateur U13

"La manière de transmettre plus importante que les connaissances elles-mêmes".

Emmanuel, 18 ans, est arrivé cette saison au club après être passé par l’AC Boulogne-Billancourt et Brétigny. Il livre ses motivations et sa vision du rôle de l’éducateur.

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’entraîner des jeunes ?
Je suis un passionné de football et j’ai envie de jouer aussi haut que mon niveau le permettra. Mais j’aimerais surtout vivre de ma passion et l’encadrement sportif pourrait être un moyen pour le faire. Il faut toujours commencer par les jeunes. C’est là que l’on apprend les bases du métier. En plus, c’est un retour aux fondamentaux et aux valeurs du football. Plus le niveau monte et plus la compétition et la culture du résultat sont fortes. En U13, le plaisir est une préoccupation majeure.

Pour vivre de cette passion, as-tu passé des diplômes ?
Quand je suis devenu jeune éducateur, le responsable de l’école de foot (Sébastien Robert) m’a inscrit au diplôme d’Initiateurs 1. Cela s’est très bien passé. Il a ensuite compris que mon projet s’inscrivait dans la durée et que l’I1 n’était pas une finalité pour moi. Je voulais aller plus loin et m’investir dans le football à 100%. Il m’a donc inscrit au CREPS en pré-qualification pour le Brevet d’état. Je viens par ailleurs de passer l’Initiateur 2 dans ce cadre.

Le Red Star possède une école de foot bien structurée. Qu’est-ce que cela induit pour toi sur le terrain ?
Je suis sous la direction du responsable U13, Soumah Bakayoko. Nous avons un programme établi pour l’année par l’encadrement technique de l’école de foot, Sébastien Robert et Patrice Lecornu. Cela nous permet de nous concentrer sur les ateliers. Nous pouvons nous occuper de chaque joueur individuellement. Au départ, je pensais que ce serait simple et cela ne l’est pas ! Mais grâce aux formations, j’ai une autre approche. J’ai compris que la manière de transmettre des connaissances était plus importante que les connaissances elles-mêmes. Le fait d’être bien encadré nous permet d’insister sur le geste technique, les objectifs de chacun des exercices.

Sur quoi est axé le travail dans cette catégorie U13?
La technique, la technique et la technique. La recherche de la maîtrise technique est un objectif bien plus important que les victoires. Nous travaillons des prémices de tactique mais ces apprentissages commencent réellement en U15-U16. A cet âge, la manière de dribbler ou le geste juste pour bien frapper la balle sont primordiaux. Nous n’avons pas le souci du résultat. Le but est d’apprendre le geste juste par le jeu. Ils apprennent beaucoup plus vite quand ils s’amusent.

Il n’y a donc pas de travail spécifique à un poste ?
A ce niveau, les jeunes doivent être capables de s’adapter. Nous nous efforçons de les faire jouer à tous les postes, exception faite des gardiens évidemment. Nous ne devons pas stéréotyper un jeune, lui donner un poste trop tôt. A cet âge, ils veulent tous être attaquants pour marquer des buts. Pour éviter les frustrations et continuer leur progression, la rotation des postes est indispensable.

Pour toi, quelles sont les qualités nécessaires à un bon éducateur ?
Il doit avant tout avoir un souci d’exemplarité. Cela facilite la transmission des savoirs en donnant une légitimité à nos conseils. Je ne peux pas leur demander de faire quelque chose que je ne sais pas faire ou que je ne fais pas moi-même. Il faut être soi-même et faire attention au langage utilisé. Nous devons bannir le langage de la rue et parler correctement. Nous leur demandons d’être corrects, il est logique de l’être envers eux.

Qu’est-ce qui t’a le plus interpellé dans ta relation avec les jeunes?
Ils sont vivants, naïfs, très spontanés. Ce sont des caractéristiques qui se perdent en grandissant et qui sont donc rares dans les catégories supérieures. Ils sont insouciants sur certains gestes. Ils expriment un talent pur lorsqu’ils sont sur le terrain. Rien n’est plus beau qu’un gamin qui n’arrive pas à faire une bonne reprise, qui la tente et la retente à l’entraînement et qui, pendant un match, la réussit au moment où il fallait la réussir.

Le fait de devenir éducateur a-t-il changé ta vision du football ?
Oui, je connais mieux le football maintenant. Je vois que ce sport ne se résume pas à enfiler des crampons et taper dans un ballon. Je ne vois plus les matches de la même manière. Je comprends que derrière un but, il y a tout un travail individuel et collectif et que derrière chaque joueur, il y a une pléiade d’éducateurs.

Les responsables techniques pourront-ils compter sur toi l’année prochaine ?
Je l’espère. Je me plais ici et ce que je fais me plaît aussi.

Propos recueillis par David Palaysi



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