Jules Rimet

Jules Rimet, fondateur visionnaire


Après Rino Della Negra, et à quelques semaines de l'ouverture de la Coupe du Monde, redstar.fr dévoile un deuxième visage marquant du Red Star : Jules Rimet, le fondateur du Red et le Père de la Coupe du monde !

L’histoire du ballon rond a été profondément marquée par Jules Rimet. Animé par un militantisme fortement ancré dans son éducation, il a posé les fondements du Red Star ainsi que ceux du football contemporain.

Un visionnaire

Dès la fin du dix-neuvième siècle, Rimet s’affirme en visionnaire déterminé et affiche avec conviction le rôle social du football. Ces motivations le poussent à réunir, en février 1897, ses proches de toujours. Son frère Modeste, son beau-frère Jean de Piessac, Georges Delavenne, Charles de Saint-Cyr et Ernest Weber, dans un café du quartier du Gros Caillou. Pour Rimet, l’activité sportive est un levier parmi d’autres. Travailler le corps bien sûr, mais aussi éveiller l’esprit : une ambition au coeur de l’action de Rimet, qui est à l’origine de discussions littéraires, de conférences, et d’oeuvres sociales qui participent de l’émancipation des classes les moins favorisées. La fondation d’un club omnisport est actée. Jean de Piessac est nommé président du club, fauteuil qu’il cède très rapidement à Jules Rimet, et le 12 mars 1897, les statuts du Red Star Club sont déposés. Pierre Laporte et Gilles Saillant (2) livrent l’anecdote : « Miss Jenny, une Anglaise qui faisait office de gouvernante chez nos parents, précisera Jules Rimet, baptisera le club d’un patronyme typiquement britannique en sortant de son sac un vestige de son dernier voyage sur la Red Star Lines aux couleurs de la compagnie maritime, arborant la fameuse étoile rouge ». Pendant plus de dix ans, Jules Rimet va s’attacher à poser les fondations du Red Star. Il conduit ainsi les joueurs vers leur premier trophée, la coupe Magnier en 1908, avant d’installer le club à Saint-Ouen en 1910, sur le terrain de ses futurs succès.

Une ascension irrésistible

« Jules Rimet s’occupe du Red Star dans ses toutes premières années, et ensuite, son rôle de dirigeant sportif prend de plus en plus d’ampleur », relate Jean-Yves Guillain. Il prend donc progressivement ses distances avec Red Star. Il prend des responsabilités, au sein de l’union des sociétés francaises de sports athlétiques, l’USFSA, la fédération multisport française du moment. Quand, à partir de 1908, l’USFSA quitte la FIFA, c’est le Comité Français Interfédéral, le CFI, qui prend le relais. Rimet joue alors un rôle prépondérant en 1910, en créant et en prenant la présidence de la ligue de football association, la LFA. Il quitte le Red Star parce qu’il considère qu’il ne peut pas à la fois être responsable d’un club, et représenter l’ensemble des clubs de foot ». En 1914, il commence aussi sa carrière internationale, d’abord en tant que représentant du CFI à la FIFA, puis avec la création de la FFFA, à laquelle il se consacre pleinement. En 1921, il prend la tête de la FIFA et porte le projet Coupe du monde à bout de bras, permettant sa concrétisation en dépit du scepticisme des uns, ou de la franche désapprobation des autres. Après avoir âprement milité, même pour faire difficilement accepter à la France d’envoyer une délégation à Montevideo, l’ambitieux projet prend corps en 1930.

Promotion sociale

Avec le Red Star, Jules Rimet a développé l’aspect social puis, avec la FIFA, le rapprochement et la pacification entre les nations et la jeunesse du monde. En revanche, comme Coubertin, il ne partage pas la valeur de l’amateurisme. Très tôt, il considère qu’il doit justement être possible de vivre aussi de sa pratique sportive, et donc vivre du football, notamment pour les ouvriers, ou les employés qui veulent progresser socialement. « C’est pour ça qu’il a aussi participé à l’instauration du professionnalisme en France, en 1932. Et lorsqu’il créé la Coupe du monde de football, c’est aussi pour quitter le giron du mouvement olympique qui était le seul à organiser une grande compétition de football. Très vite, après les années vingt, notamment après les Jeux de 1924 et a fortiori de 1928, il s’aperçoit que le mouvement olympique veut radicaliser l’amateurisme chez les participants aux olympiades. C’est à ce moment là qu’il considère que la FIFA doit créer une compétition, autonome et internationale, qui puisse accepter à la fois des amateurs et des professionnels » résume Jean-Yves Guillain.

L’héritage de Jules Rimet dépasse amplement l’organisation du plus grand événement sportif planétaire. Le sillon qu’il a creusé, emprunt de valeurs sociétales et universalistes, semble plus que jamais d’actualité en ce début de XXIe siècle. Le Red Star peut-être fier de son fondateur.

Michaël Grossman

(1) Fondateur de l’association Jules Rimet, Jean-Yves Guillain a publié « La Coupe du Monde de football, l’œuvre de Jules Rimet ».
(2) Auteurs de Red Star – éditions Alan Sutton.



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