Patrick Battiston : « Un match compliqué »

Interview de l'entraîneur des Girondins avant Red Star - Bordeaux

L’entraîneur des Girondins de Bordeaux évoque la rencontre opposant son équipe au Red Star, samedi, au stade Bauer, et revient sur la saison délicate de son équipe.

Comment présentez-vous le contexte de ce match à vos joueurs ?
Nous n’avons pas d’alternative. Dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, nous devons essayer de prendre des points pour envisager un sauvetage qui ne nous appartient plus tellement, même s’il reste mathématiquement la possibilité de l’obtenir. Il faut que nous soyons performants comme nous avons pu l’être au Mans par exemple. Nous sommes lucides : nous connaissons la qualité de l’adversaire et le contexte du classement. Il se trouve que nous jouons contre un adversaire qui a également besoin de points, donc ce sera un match compliqué.

Cette rencontre s’annonce tendue ?
Ce n’est pas un match tendu. Il faut savoir pour quelles raisons nous sommes dans cette situation. Nous avons perdu des points, nous avons mal négocié certains matches récents avec des erreurs individuelles qui nous ont coûté des victoires, ou au moins des matches nuls. Il y a une forme de qualité dans le groupe. Nous l’avons montrée, mais malheureusement, nous perdons beaucoup de matches sur des erreurs de jeunesse.

Comment s’explique l’écart de performance de l’équipe entre ses matches à domicile et ses matches à l’extérieur lors desquels elle a été très performante ?
Nous sommes peut-être plus libérés à l’extérieur. J’imagine que nous avons un complexe sur notre terrain. Et puis nous sommes jeunes. Les attaquants pêchent souvent par précipitation. En règle générale, les attaquants qui sont performants sont âgés de vingt-deux ans, voir plus, alors que nous jouons avec des attaquants de dix-huit ans. Nous avons les défauts de nos qualités. C’est aussi une donnée.

Sur quoi l’équipe pourra t-elle se reposer pour sortir de la zone rouge d’ici la fin de la saison ?
Sur la qualité du jeu que nous pouvons produire. Nous avons perdu contre Yzeure sur une énorme faute sur notre gardien. Sur la deuxième mi-temps, nous nous sommes créés des situations, mais nous sommes tombés sur un gardien adverse très performant. Malgré tout, dans le contenu, il y a des choses intéressantes. Le jeu produit est une chose, mais malheureusement, nous ne sommes pas efficaces. Il faut insister. Nous travaillons pour trouver l’efficacité, et nous rassurer devant le but. Nous ne lâchons pas, et nous verrons bien.

Quelle philosophie de jeu tentez-vous d’inculquer à vos joueurs ?
Il y a différentes choses. Quand on a un centre de formation, il faut lui proposer une philosophie, et puis après il faut aussi lui apprendre à gagner. Nous essayons donc d’être structurés dans ce que nous faisons, de ne pas bafouer le football, ne pas faire n’importe quoi, être réfléchis. Ce n’est pas compliqué, c’est ce que tous les éducateurs et tous les entraîneurs recherchent. Après, nous faisons avec les qualités que nous avons. Dans un centre de formation, nous avons de jeunes joueurs. Nous travaillons avec eux sur plusieurs années. Nous essayons d’apporter des retouches, mais c’est compliqué, d’autant que nous nous limitons au niveau de l’âge. Nous devons assumer nos choix.

Comment vous partagez-vous le travail avec Marius Trésor ?
Le problème avec Marius c’est qu’on ne se le partage pas, c’est moi qui le fait ! (le rire de Marius Trésor se fait entendre à ses côtés). C’est moi qui fait tout. Et donc Marius est là pour regarder que je fais tout bien. C’est l’inspecteur des travaux finis. Il fait ça très, très bien… Pour être plus sérieux, nous nous partageons bien le travail. Quand l’un s’occupe des attaquants, l’autre prend en charge les défenseurs. Dans les conseils et les encouragements que nous pouvons prodiguer, nous nous partageons le travail.

Pour un club aussi réputé que les Girondins, quel enjeu revêt une éventuelle relégation en CFA2 ?
Il faut voir le contexte dans lequel ça se passe. Là, nous avons perdu huit points pour des raisons administratives. Remettons ces huit points, et regardons où nous pouvons nous situer. Nous nous sommes mis nous-mêmes dans la panade. Ce n’est donc pas particulièrement la qualité du groupe qui pose question. Après, ça a un impact du point de vue psychologique pour l’équipe. Nous avons eu une période difficile au cours de laquelle les joueurs étaient très troublés. Le travail consiste à faire prendre conscience que si nous sommes là, ce n’est pas la qualité des joueurs qui est en cause. Ce sont les bêtises que nous avons pu faire. Au niveau de l’impact d’une relégation, j’en discute assez souvent avec mon président. Il connaît le contexte, et pour l’instant, il n’est pas particulièrement sévère. Il comprend la situation.

Pour un effectif professionnel, le CFA reste un outil intéressant ?
Cette année peu de joueurs professionnels sont venus en renfort pour la simple et bonne raison qu’il y avait des matches de championnat et de Ligue des champions. Je m’organise toujours pour être autonome au niveau de l’effectif. Mais cette saison, nous avions un effectif très jeune qui a été renouvelé, et qui manquait donc d’expérience. Les seuls garçons qui avaient de l’expérience ont été prêtés en National, à Châteauroux, à Reims et à Rodez. Le passage de témoin s’est fait moins facilement que prévu. Les jeunes ont été obligés de se lancer dans le grand bain. C’est la raison pour laquelle c’est intéressant de rester en CFA, parce que nous sommes confrontés à des équipes qui sont expérimentées, qui cherchent à jouer, ce qui est précieux pour nos jeunes joueurs.

Quel regard portez-vous sur la saison du Red Star ?
Le Red Star a eu des périodes fastes en remportant des victoires à l’extérieur. Mais le contexte actuel lui confère un besoin de points, comme nous. C’est un adversaire qui est venu prendre quatre points chez nous, lors d’un match que nous avons mal négocié. Nous aurions pu faire la différence en début de match, mais n’y sommes pas parvenu. Ensuite nous avons craqué. Nous nous sommes montrés trop jeunes dans tout ce que nous avons fait. Mais un match ne ressemble jamais à un autre, de toute façon. Il n’y a pas de calcul à faire.

Une rencontre au stade Bauer est un rendez-vous particulier, à titre personnel ?
Ah oui, ce sont de bons souvenirs. J’ai joué dans ce stade quand j’étais très, très jeune. Je crois que je devais avoir dix-sept ans quand j’ai joué à Bauer. J’y avais rejoué ensuite avec Metz aussi, en 78, puis avec Bordeaux en Coupe de France. C’est un stade mythique ! Quand on est jeune et qu’on entend « Red Star », c’est mythique.

Propos recueillis par Michaël Grossman
Crédit photo : Dominique Le Lann / FCGB



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