A l’occasion de la célébration des 40 ans du football féminin, dimanche, lors de la finale du Challenge de France remporté par le Paris Saint-Germain au stade Robert-Bobin d’Evry, Frank Emery analyse l’évolution de la discipline, et son potentiel au Red Star.

Après 40 ans de pratique, le football féminin a-t-il gagné ses lettres de noblesse ou le regard des hommes pèse encore sur cette pratique ?
Le football féminin ne cesse de progresser et de justifier sa place dans le milieu très macho du football… Il y a malheureusement toujours des gens qui préféreront regarder un match de football masculin plutôt que des filles. Mais selon moi, les deux pratique n’ont vraiment rien à voir. Chez les filles, il y a moins de fautes et ça joue davantage sur la technique. A moins qu’on en arrive à faire des équipes de football mixtes, les hommes miseront toujours plus sur les contacts, la vitesse et la puissance. Il faudrait qu’une fille plus forte que les garçons apparaisse pour changer les regards.

A titre personnel, qu’est-ce qui t’a donné envie de travailler au service du foot féminin ?
J’ai commencé ma carrière d’éducateur avec les débutants. Quand le directeur sportif du Red Star m’a contacté, j’ai pensé qu’après les débutants, travailler avec des adultes pouvait être intéressant. Je ne me suis pas soucié qu’il s’agisse d’une équipe féminine. Ca me plaît franchement. Je déplore simplement manquer encore de pratiquantes.

Lyon a atteint la finale de la Ligue des champions cette année. Est-ce le genre d’accélérateur nécessaire à l’augmentation de sa popularité ?
Oui, absolument. Mais pour véritablement promouvoir le football féminin, il faudrait diffuser plus largement ce genre d’événement, ou la finale de la Coupe de France par exemple. En 2008, lors de la finale de la Coupe de France masculine, un match de football féminin était programmé en lever de rideau. Ce type d’initiative devrait se multiplier pour faire découvrir la pratique du football féminin au plus grand nombre.

Quel est le potentiel du football féminin au Red Star ?
Il y a un vrai potentiel mais il nous reste beaucoup de travail à accomplir. Monter des équipes de jeunes, disposer de terrains, former des entraîneurs… Le problème majeur réside dans le nombre insuffisant de pratiquantes. Il faut travailler dans ce sens et atteindre les niveaux supérieurs pour en attirer encore davantage !

Propos recueillis par Michaël Grossman

(1) Ancien coureur cycliste devenu journaliste puis directeur et rédacteur en chef de l’Auto, le principal quotidien sportif du tout début du 20e siècle, sur les bases duquel fut fondé L’Equipe après la deuxième guerre mondiale.