La Coupe du Monde vue par le Red Star

Les plus grands souvenirs de Coupe du Monde

J-1 avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde 2010 ! Les Audoniens ouvrent leurs boîtes à souvenir pour nous livrer leurs souvenirs personnels de Coupe du monde.

>> Patrice Lecornu, directeur technique

• Mon tout premier souvenir de Coupe du Monde
Le premier souvenir marquant, pour moi, remonte à 1974 et à la défaite de la Hollande en finale, contre la RFA. J’avais seize ans, et j’étais un fan inconditionnel de la Hollande, et surtout de Johan Cruijff. Ils ont disputé la finale quatre ans plus tard contre l’Argentine. C’est là que j’ai compris qu’en football, ce ne sont pas toujours les meilleures équipes qui gagnent. Il était impossible qu’ils perdent, et ils ont perdu deux finales de suite.
 
• Mon meilleur souvenir
La fête après la victoire de 1998. C’était magnifique. J’ai pris beaucoup de plaisir…. Mais j’aurais tellement aimé que la Hollande des années soixante-dix gagne au moins une fois (rire) ! Il y avait de si grands joueurs dans cette équipe.
 
• Mon instant de solitude
Le plus mauvais souvenir, c’est le Parc des Princes, en 1993, qui empêche la France d’aller à la Coupe du Monde. Ce France-Bulgarie … à trente secondes près, tu passes et voilà.
La France, à part 1998 et 1982, n’a jamais eu une équipe suffisamment forte pour prétendre la gagner. Heureusement, nous avons eu cette génération 98 qui l’a fait.   

>> Alain Mboma, entraîneur de l’équipe CFA

• Mon tout premier souvenir de Coupe du monde
Soixante dix-huit. L’équipe d’Argentine. J’avais dix ans, et il y avait un joueur qui m’avait marqué : Mario Kempes. Je n’ai pas loupé un seul des matches de l’Argentine. Kempes est inexistant au premier tour. Menotti l’oblige à raser sa moustache, je l’ai su après. Et il a ensuite planté, et planté encore. Il ne ressemblait pas à grand-chose. Long cheveux, chaussettes baissées, grand… un look un peu bizarre. Il a eu tous les contres favorables possibles. Une réussite de folie. Il était toujours placé où il le fallait, et il a été prépondérant dans la victoire finale, même si le contexte prête à discussion dans la victoire de l’hôte de la compétition.

• Mon meilleur souvenir
Paradoxalement, c’est une défaite. Cameroun – Angleterre 94. Je me souviendrais toujours du titre de L’Equipe du lendemain de cette rencontre : « Cinquante millions de Camerounais ». Pour moi, ç’a été une fierté pas possible. La terre entière était pour le Cameroun. Même après la défaite, nous avions gagné quelque chose. L’élimination est due à deux penalties provoqués en fin de match, puis pendant la prolongation, par le même joueur, Benjamin Messing. Mais personne ne pouvait être accablé après un tel match. Tout le monde a été héroïque. C’est une défaite, mais c’est une grande victoire pour le Cameroun. Et par incidence, pour l’Afrique.

• Mon instant de solitude
Cameroun – Chili, en France, lors de la Coupe du Monde 98. C’est le premier tour. J’étais au match, à la Beaujoire. Le Cameroun égalise à un partout et marque ensuite un but refusé par l’arbitre sans que nous ne sachions jamais pourquoi. Mon frère monte sur un duel, il dévie de la tête pour Omam Biyik, qui marque. L’arbitre sanctionne une faute de mon frère… Quand l’arbitre a revu les images, il a déclaré : « J’ai sifflé une faute qui n’a jamais existé ». Si le Cameroun passait, le match d’après, c’était le quart de finale au Parc des Princes contre le Brésil… C’est ma plus grosse déchirure lors d’un match de Coupe du monde.

>> David Giguet, entraîneur adjoint de CFA

• Mon tout premier souvenir de Coupe du monde
Ce n’est pas forcément un bon souvenir. Je n’étais pas très vieux, je devais avoir huit ans. C’est la Coupe du monde de 82. Quand Schumacher agresse Battiston en demi-finale. Il y avait de la tristesse face à une telle injustice. A aucun moment il ne joue le ballon. Il le tamponne pour le tamponner. Le scénario du match fait que cette agression prend encore plus d’ampleur. Ce match, nous le tenions, il était à nous.

• Mon meilleur souvenir
Sans conteste le France – Brésil de 86. Je l’ai regardé du début à la fin, je n’en pouvais plus. J’étais devant mon écran de télévision, je regardais partout. Un quart de finale, contre le Brésil quand même, avec un tel scénario ! Et pas n’importe quel Brésil : LE Brésil ! Un match extraordinaire. Dans la cité, les murs, c’étaient des feuilles de papier. Pendant ce match, pas un bruit, tout le monde était devant sa télévision. Dès que le dernier tir au but a été marqué, c’était le feu. Un truc de fou ! Le tir au but de Bellone, qui frappe le poteau, puis le dos du gardien avant de finir au fond des filets, je pense que même lui n’a jamais su comment il avait fait !

• Mon instant de solitude
La finale de 2006 contre l’Italie. Ce n’était pas une Coupe du monde pour laquelle nous  étions favoris mais nous atteignons la finale. La grosse déception vient du scénario final. L’expulsion de Zidane, Trezeguet, qui nous avait offert un championnat d’Europe quelques années plus tôt, bute sur un tir au but qui, normalement, est un de ses points forts. On pourra toujours dire qu’il l’a mal tiré, mais je ne pense pas pour ma part que ce soit le cas. Il n’a pas de réussite. Il tape la barre alors que Buffon est a des centaines de kilomètres du ballon. il plonge sur sa gauche, et le ballon est frappé sur sa droite. Sur le contenu du match, nous méritions de remporter notre deuxième Coupe du monde. Malgré l’expulsion de Zidane, les Italiens étaient aux abois, ils n’en pouvaient plus. Ils ne sortaient pratiquement plus de leur surface de réparation. Ils attendaient la séance de tirs aux buts en espérant l’emporter, comme ils y sont finalement parvenus.

>> Sébastien Robert, responsable de l’école de foot

• Mon tout premier souvenir de Coupe du monde
Séville. L’équipe de France 1982. Le match contre l’Allemagne. Ma mère est Allemande, donc c’était partagé à la maison. Tout le monde critiquait l’Allemagne, mais moi, je l’aimais bien. Elle représentait des valeurs que j’aimais. J’étais toutefois supporter de la France. C’était un match incroyable en terme d’émotion, c’est certainement pour cela qu’il m’a particulièrement parqué. Tu passes par tous les états, par toutes les émotions. Quand tu es supporter, tu te vois gagner, tu te vois perdre, puis gagner de nouveau, avant de perdre. Il y a également ces fautes grossières qui ne sont pas sanctionnées, donc tu as l’impression que tout le monde est contre toi. C’est un vrai sentiment d’injustice, parce que c’était vraiment une belle équipe qui méritait de gagner cette Coupe du monde. C’est un match au terme duquel tu apprends beaucoup quand tu es enfant. Tu apprends que dans les deux cas, rien n’est jamais gagné, qu’il ne faut jamais rien lâcher jusqu’au bout, que tu peux encore gagner, même à 3-1. Il y avait ce côté : on peut renverser des montagnes. D’ailleurs, tout le monde sentait qu’ils pouvaient revenir, alors que nous, Français, menés 3-1, nous n’y croyons plus et jamais nous ne remontons.

• Mon meilleur souvenir
Le match de la France contre la Croatie en 98, en demi-finale. Exceptionnel. C’était un match incroyable. La qualification, l’improbable, la fête extraordinaire. C’était énorme. Plus énorme encore que la finale, qui était très moyenne en terme d’émotions. Tu dois perdre le match, et tu as Thuram qui se réveille et qui fait un truc incroyable. Il couvre le hors-jeu sur l’ouverture du score croate. Il a envie de se racheter. A 0-0 il n’aurait jamais pris autant de risques offensivement. Et là, il va chercher la qualification pour la finale de la Coupe du monde. Je me rappelle aussi du France – Brésil de 86, mais là, un latéral qui fait ce qu’il a réussi, c’était beau. Vraiment un bon moment.

• Mon instant de solitude
Un Pays-Bas – Allemagne, en huitième de finale de la Coupe du monde 1990 dont l’esprit avait été déplorable. Les joueurs s’étaient craché dessus. Ca avait taclé tout le match. Une rencontre pitoyable. Il n’y avait pas eu de football.

>> Mamadou Meité, entraîneur des U15

• Mon tout premier souvenir de Coupe du monde
La première Coupe du monde que j’ai suivi, c’est celle de 1994. Je me souviens d’un match d’ouverture pitoyable. Un Bolivie-Alemagne. Il ne faut pas s’en souvenir. C’était lourd. D’ailleurs, l’ensemble de la Coupe du monde 94 n’était pas terrible. J’ai mieux suivi l’édition de 98, avec un sublime Pays-Bas – Argentine.

• Mon meilleur souvenir
Ce fameux Pays-Bas – Argentine de 98. Un match entre deux grosses nations du football. La rencontre est serrée, tendue. Le score est de un partout jusqu’en toute fin de match, et un coup de génie de Dennis Bergkamp. Même la passe de Franck De Boer est magnifique dans cette action. Une longue transversale pour Bergkamp, qui réussit un enchaînement magnifique, pour offrir la qualification sur le fil. L’Argentine avait une grosse équipe, elle est éliminée après un bon début de compétition.

• Mon instant de solitude
L’élimination de la France en 93 face à la Bulgarie. Il y a ce centre râté de Ginola et puis, tout au long de l’action, tu es crispé… Tu sens que ça ne tourne pas bien. Kostadinov envoie une frappe qu’il peut recommencer dix fois, quinze fois, elle passe au-dessus. A l’époque, j’étais petit, et nous étions vraiment dans l’imaginaire. Lama, il est imbattable, on ne peut pas le lober. Râté. C’est mon seul moment difficile de Coupe du monde, car la France gagne en 98, et 2002 répondait à une certaine logique. Il ne faut pas être là pour être là, il faut être acteur plutôt que spectateur en football.

Propos recueillis par Michaël Grossman et David Palaysi



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