La Coupe du Monde vue par le Red

Les joueurs marquants de la Coupe du Monde

Jour J ! A quelques heures du coup d’envoi de la Coupe du Monde 2010, les Audoniens évoquent les idoles de leurs Coupes du monde.

>> Alain Mboma, entraîneur de l’équipe CFA

• Les gros bras
En 1978, je ne vois que Mario Kempes ! Même si père me parlait davantage des Pays-Bas, je n’avais d’yeux que pour lui. Mais j’étais surtout à fond derrière l’équipe de France. C’est surtout Tigana qui m’a marqué. Platini, comme Zico n’était pas dans les meilleures dispositions. Moi je préférais Tigana et Sócrates à Platini et Zico.
En 90, je ne peux pas détacher une individualité de l’équipe nationale du Cameroun. Milla ne jouait que des bouts de matches, c’est l’équipe dans sa globalité qui me faisait rêver. J’ai bien aimé Hagi, « le Mardona des Carpates », lors de la Coupe du monde 94.
98, pour moi, c’est davantage la défense Thuram-Blanc-Desailly-Liza que des individualités offensives qui ont fait la différence. Ronaldo m’a évidemment marqué, mais peut-être plus en club qu’en sélection. Son retour de 2002, après ses deux blessures, résume le joueur. C’est fou ! Et je n’oublie bien évidemment pas Zizou en 2006, après le premier tour. Ce qui est beau, c’est qu’il arrive à sortir ces matches-là dans des moments clefs, face à des nations de cette dimension. Contre le Brésil, c’est le plus Brésilien des joueurs présents sur le terrain.

• L’idole
1986, Diego, Diego, et rien que Diego. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à adorer ce joueur. Je voulais commencer à jouer du pied gauche ! Quand je vois mon fils essayer de faire les gestes de Cristiano Ronaldo, je me dis qu’en fait je faisais la même chose.
La question n’est pas de savoir ce qu’il avait de plus que les autres. C’est plutôt de se demander ce qu’il n’avait pas. Même du pied droit, je l’ai vu faire des choses insoupçonnables, tant dans l’animation qu’à la conclusion. Il avait ses qualités athlétiques alliées à une aisance technique hors-normes. Il avait pas mal d’années d’avance sur les autres. Je fais volontairement abstraction de sa face sombre…

• Le fait d’arme
On ne saura jamais, mais demandez à Platini de prendre Nancy, et de l’emmener au sommet de l’Europe. Ce qu’a fait Maradona à Naples, et sur la Coupe du monde 86, qu’il remporte avec une équipe relativement moyenne autour de lui, c’est tout de même extraordinaire. Même Pelé n’était pas seul. L’équipe du Brésil de 1970, est par exemple impressionnante. Il a réussi à être très bon dans une très bonne équipe. Je ne suis pas sûr que Maradona ait bénéficié de partenaires de cette qualité dans ses équipes.

>> David Giguet, entraîneur adjoint de CFA

• Les gros bras
Parmi les joueurs que j’ai vu évoluer, je retiens bien sûr Michel Platini et Diego Maradona, mais ce sont les Brésiliens qui m’ont le plus marqué. Zico, Sócrates et leurs coéquipiers de 86 étaient de véritables virtuoses. Les prises de balles, les amortis… au-delà de la qualité collective de cette équipe, c’est l’aisance technique de ces joueurs que j’aimais regarder. Quand tu sais le travail et la qualité nécessaires pour réussir certains gestes, et que tu les vois les réaliser avec une telle facilité, dans des conditions aussi difficiles et avec une telle vitesse, tu te dis que ce n’est pas possible, que c’est truqué.

• L’idole
Celui qui m’a le plus marqué, c’est Ronaldo. La précocité de son talent et la durée de sa carrière au haut niveau est extraordinaire.

• Le fait d’arme
En 2002, Ronaldo revient d’une deuxième opération du genou, tout le monde le dit fini, à la limite c’est presque indécent de l’imaginer sur un terrain. Non seulement il est là,  mais en plus il termine meilleur buteur de la Coupe du monde. Peut-être qu’il n’a plus ce coup de rein ravageur et phénoménal qu’il avait, mais pour moi, ça reste un joueur extraordinaire. Quand on connaît la complexité d’un retour à son meilleur niveau après une blessure de cette gravité, on peine à imaginer qu’il puisse revenir en ayant connu deux fois la même blessure. Il faut un caractère et une force mentale énormes pour revenir comme il l’a fait.

>> Sébastien Robert, responsable de l’école de foot

• Les gros bras
Van Basten m’a marqué. Comme les années Maradona. C’est une personnalité qui a réalisé des choses incroyables. Je me rappelle aussi d’un joueur qui est passé inaperçu après, mais qui a marqué la Coupe du monde 90 : Toto Schillaci. Il a fait une Coupe du monde, il a marqué six buts. Il n’a rien fait par la suite, mais il fera partie des légendes du football car il a marqué sa Coupe du monde.
Ensuite, il y a Thuram et ses buts incroyables en 98 devant des millions de téléspectateurs, qui resteront à jamais, comme l’ensemble de sa compétition d’ailleurs.
Ronaldo a également marqué l’épreuve. En 2002, ce n’est plus le Ronaldo qu’on avait connu, il revenait de blessures, et il parvient à rester super efficace. Les grands joueurs, ce sont ceux qui marquent en Coupe du monde, ceux qui marquent dans les matches dans les matches importants. Et Ronaldo marquait tout le temps dans ces moments-là.

• L’idole
Avec sa personnalité et ses qualités footballistiques, mon idole restera Michel Platini. Il n’a pas eu l’occasion de disputer les Coupes du Monde 82 et 86 dans de bonnes dispositions physiques, mais il est toujours resté décisif. Il faisait peur. On attendait le match de l’équipe de France pour voir jouer Platini. Il exerçait son aura sur le football mondial de son époque. Il n’avait pas besoin de regarder pour aligner les passes de quarante, cinquante mètres qui arrivaient toujours à destination. Dans le placement, dans l’intelligence de jeu, c’était hors-norme.

• Le fait d’arme
Son huitième de finale contre l’Italie, en 86. Il était très malade. On le voit, on sent qu’il est blessé, qu’il a mal partout. Il est très discret pendant le match, mais il marque encore un but décisif. C’est un match qui était important, face au pays dans lequel il évoluait, il était très attendu, et très serré au marquage. C’était quelqu’un qui faisait peur même sur une jambe, et qui avait la classe.

>> Mamadou Meité, entraîneur des U15

• Les gros bras
Tout d’abord, Johan Cruijff. Il avait une intelligence de jeu au-dessus de la moyenne, tout comme sa technique individuelle et ses facultés d’adaptation. C’est le joueur qui représente tout ce que j’aime dans le football. La technique, et surtout le mouvement. Il savait toujours être en mouvement.  
Maradona m’a également marqué. Atypique également, c’était un phénomène. Son quart de finale contre l’Angleterre en 86, avec ses deux buts antagonistes : la triche à l’état pur sur le premier, et le second sur lequel tu ne peux rien dire. Au point d’oublier la triche après ce qu’il avait réussit. Un fou, un génie.
Il y a aussi Materazzi. Je ne rigole pas. En finale, il fait un très gros match. Du Materazzi habituel, avec des fautes en veux-tu, en voilà. Mais sur les coups de pieds arrêtés il est à chaque fois très dangereux.
Zidane en 2006, réalise un match d’anthologie contre le Brésil, en quart de finale. Une démonstration de football. Zidane a fait un récital. Il est venu, il a sorti sa liste de gestes technique, et il les a cochés un à un. Et ce n’était pas n’importe qui en face, c’était le Brésil !

• L’idole
Celui qui se détache pour moi, c’est Dennis Bergkamp. La classe à l’état pur. Intelligent, collectif. Une maîtrise technique extraordinaire, et doué d’une élégance naturelle. La personnalité du joueur était également exemplaire : ni truqueur ni tricheur, il n’en rajoutait pas, n’enchaînait pas cinquante passements de jambes. Il faisait ce qu’il fallait, au moment où il le fallait. C’était tellement bien fait que c’était parfois de la grâce. Le parallèle que l’on peut faire entre ces grands joueurs, que ce soit Bergkamp, Maradona, Zidane, ou même avec Federer en tennis, c’est qu’ils donnent l’impression de suspendre le temps. C’est comme s’ils exerçaient leur contrôle sur le temps. Zidane n’allait pas plus vite que les autres, mais il était toujours en avance. C’est ce que je trouve beau.

• Le fait d’arme
Comme j’ai déjà évoqué son but contre l’Argentine dans les grands moments de la Coupe du monde, je vais revenir sur son fameux but avec Arsenal. On dirait qu’il a un joystick dans les mains, et que le ballon est téléguidé. Là encore, c’est une question de maîtrise du temps. Parce qu’après avoir fait son contrôle orienté magique et avoir contourné le défenseur par l’autre côté, n’importe quel joueur aurait mis une mine monumentale et se serait précipité. Quand tout le monde se dit : « Mais tire, ils vont revenir ! », lui, il fait son contrôle tranquillement, et il la place à son rythme. Pouvoir imposer son rythme aux autres, c’est extraordinaire.

Michael Grossman avec David Palaysi



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