Lucien Gamblin

Portrait chinois du grand défenseur audonien !


L’étoile rouge a toujours brillé sur le cœur de cet enfant des faubourgs parisiens. Pendant dix-huit années "Lulu" a servi le Red. Avec talent, sur les terrains, comme défenseur et capitaine de l’équipe. Avec dévouement, dans les bureaux, comme secrétaire, trésorier ou directeur sportif ! Quelques semaines après le cent vingtième anniversaire de sa naissance (22 juillet 1890 !), Redstarfc93.fr rend hommage sous forme de portrait chinois à celui qui était, plus qu’un grand sportif, un grand homme.

Si c’était une qualité : la fidélité
De 1907 à 1925, Lucien Gamblin  a évolué sous les couleurs, encore Marine et Blanche, du Red Star. Arrivé encore adolescent, il arrête sa carrière à 35 ans. Il symbolise avec Pierre Chayriguès, Just Brouzes, Phillipe Bonnardel et François Hugues, la génération dorée du Red des années 20. Gamblin aide son club par tous les moyens, qu’ils soient sportif ou administratif, à une époque où le professionnalisme n’existe pas. Joueur irréprochable, le défenseur audonien est aussi un citoyen de devoir : lorsque la France, engagée dans la Grande Guerre l’appelle sous les drapeaux, il sert son pays  avec courage dans les tranchées. Ces actes de bravoure lui vaudront la Légion d’Honneur.

Si c’était une légende : Hercule
Lucien Gamblin était une force de la nature, un athlète exceptionnel. Ses qualités physiques acquises dès son plus jeune âge font de lui un défenseur infranchissable. En 1907, alors qu’il n’a que 17 ans, il réalise ses douze travaux en devenant champion de France de gymnastique. Ses performances sont, pour son âge et son époque, extraordinaires : il court le cent mètres en douze secondes, et boucle le tour de piste en quarante de plus, il franchit aussi 1m60 à la hauteur et jette le poids à 10m40 ! Autant de qualités qu’il met, dès cette année là, au service du football et du Red Star. Le début pour ce héros herculéen d’une longue et belle épopée !

Si c’était une arme : la ruse
En plus d’un corps solide, Lucien Gamblin est également un esprit malin.  Alors qu’il est le capitaine d’un Red constitué d’une pléiade de stars, il emmène le club disputer la première finale de Coupe de son histoire en 1921.  18 000 spectateurs garnissent le stade Pershing et assistent, en ce 21 avril, à ce morceau d’Histoire entre l’Olympique de Paris et le Red Star. Au milieu de la seconde mi-temps, le Red mène 2-1 mais est réduit à dix. L’attaquant olympien Farques place alors une superbe frappe. Le portier audonien est battu mais Gamblin veille sur sa ligne, se sacrifie et pare le tir de la main. Un geste sanctionné légitimement par un pénalty pour l’Olympique de Paris. Personne n’est désigné pour transformer la sentence, et les joueurs parisiens tergiversent, hésitent. Lucien Gamblin avance alors vers le cuir et dit ironiquement: « Voulez-vous que je le tire moi ? ». Réponse immédiate de l’attaquant adverse Devaquès : « Tu vas voir si on a besoin de toi ! ». L’olympien s’élance immédiatement vers le ballon, sa frappe précipitée est complètement manquée et le gardien Chayriguès n’a qu’à se baisser pour ramasser la balle. La ruse a payé : le Red et son capitaine gagnent le droit de brandir leur première Coupe de France.

Si c’était un trophée : la Coupe de France
L’histoire d’amour entre le Red et la Coupe commence donc ainsi en 1921 ! L’année suivante, l’équipe-type du Red compte sept vainqueurs de l’édition précédente dont son capitaine emblématique, et les Redstarmen remportent une nouvelle fois la compétition, devenant le premier club à conserver son trophée, en battant le Stade Rennais deux buts à zéro. Lulu ne s’arrête pas là puisqu’il soulève la coupe nationale une troisième fois consécutivement en 1923 venant à bout du FC Sète 4-2 dans un stade Pershing en folie.

Si c’était un animal : le coq
Quand il ne porte pas le maillot du Red, Gamblin revêt la tunique bleue de sa sélection nationale dont il est aussi le capitaine. Sélectionné à dix-sept reprises, il connaît son heure de gloire en bleu lorsqu’il participe à la première victoire de l’histoire du football français contre l’Angleterre le 5 mai 1921. Ce jour là, les humiliations du passé sont oubliées, et la France entière célèbre la victoire de son onze face au pays inventeur du football (2-1) !

Si c’était un objet : une plume acérée
Au terme de sa carrière Lucien Gamblin se convertit en un journaliste de renom pour L’Auto et plus tard France Football. Amoureux du beau jeu, il s’insurge contre ceux qui ternissent l’image du football. Alors qu’il suit la Coupe du Monde 1934, il n’hésite pas à qualifier l’italien Monti coupable de plusieurs tacles assassins de « boucher » ! Sa plume vive et mordante est restée dans la mémoire collective et fait rapidement de lui un grand journaliste sportif.

François-Xavier Valentin



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