Red Star International : Paraguay

Un Red Star aux accents guaranis !


Redstar.fr continue son exploration du continent sud-américain. Halte aujourd’hui au Paraguay, une terre de football souvent négligée, car coincée entre le Brésil et l’Argentine. Un territoire pourtant riche de six millions de personnes et de quasiment autant de footballeurs. Focus sur ces Guaranis qui ont marqué l’histoire du Red de leur empreinte.

La famille Jara : le football est fraternité
Curieux destin que celui des frères Jara Saguier : unique, sans, doute dans l’histoire du sport professionnel. Ou la vie d’une fratrie de sept garçons ayant tous épousé la carrière de footballeur. Il faut dire que Dario, Alberto, Angel, Carlos, Crispulo, Enrique et Toribio étaient prédestinés. Leur père, joueur lui-même, avait fondé le club de Rubio Nu (Paraguay) où tous ont fait leurs classes. Certains de ses enfants de la balle ont choisi l’exil en France ; c’est le cas d’Alberto et Angel recrutés par le Red Star au milieu des années 60. Le premier à quitter Asunción pour Paris  est Angel, l’aîné des deux. Il débarque à Saint-Ouen à l’été 1965. La saison précédente (1964-1965), le Red, vice-champion de D2, a gagné sa place dans l’élite. C’est donc dans une des vingt meilleures équipes françaises qu’arrive Angel. Son adaptation est difficile, mais ce créatif milieu fait de son mieux, animé d’un état d’esprit irréprochable, il marque quatre des vingt-trois buts du club en championnat. Insuffisants pour des Vert et Blanc qui n’arrivent pas à se maintenir et retrouvent donc la deuxième division. Ses performances sont néanmoins remarquées et lui valent d’être sélectionné avec l’Albirroja (16 sélections, 3 buts).
A l’aube de la saison 1966-1967, Angel est rejoint par son cadet Alberto. Ils doivent être associés sur le front de l’attaque des Redstarmen, et ramener le club en D1. C’est un échec, le Red reste englué à la seizième place du championnat, et seul Angel parvient à inscrire un but cette année-là. Lui continue son chemin dans l’hexagone et signe à Besançon tandis qu’Alberto file en Espagne (Majorque). C’est le clap de fin entre la « dynastie » Jara et le Red.

Carlos Monin, un guerrier sensible
Carlos aime les clubs mythiques et ceux-ci le lui rendent bien. Après des passages dans les immenses Cerro Porteno (Par.) et Flamengo (Br.), Monin atterrit en France à Toulouse d’abord puis au Red Star … puisque le club haut-garonnais réalise une improbable fusion avec l’équipe de Seine-Saint-Denis ! A partir de 1967, il devient la coqueluche de Bauer, arrière-droit de devoir, dur sur l’homme, il reste six saisons à Saint-Ouen. Des années de bonheur puisque le club demeure dans l’élite continuellement, avant de descendre en 1973, l’année justement où le grand Carlos raccroche les crampons. Ces duels homériques avec le marseillais Skoblar sont restés fameux. Parfois limite, ces tacles font sa réputation, sa légende noire, aussi, parfois : un jour où l’Olympique Lyonnais se présente à Bauer, Monin jaillit sur Di Nallo, le contact est violent, « un bruit sec résonne dans les tribunes comme un bois qui finit de se consumer » (Red Star, Histoire d’un siècle)* ; le petit prince de Gerland a la jambe brisée. Alors qu’il est évacué sur une civière, Carlos Monin pleure. Une action qui dit tout des forces et des faiblesses de cet homme : un engagement de tous les instants, une sensibilité à fleur de peau. Son tempérament, il le met au service du club dès sa carrière terminée en devenant coach de l’équipe réserve, puis de l’équipe 1 du RSFC. Sa fidélité est exemplaire puisqu’il ne lâche pas le club dans ses heures les plus sombres et reste entraîneur malgré la rétrogradation en DH  (1978).

Hugo Gonzalès, le goleador
L’international du Paraguay a porté, le maillot vert et blanc, de 1971 à 1975 marquant la bagatelle de 33 buts. Son sens du but aiguisé permet au Red d’atteindre les quarts de finale de la Coupe de France deux années consécutivement (1973 et 1974). Il forme également une doublette explosive avec Nestor Combin lors de la saison 1973-1974. Ce duo très hispanophone, marque 39 fois (15 buts pour le seul Gonzales) et envoie le Red Star en première division. Sélectionné à onze reprises pour son pays, il s’inscrit dans la tradition des grands buteurs sud-américains.

D’autres Paraguayens comme Emmanuel Andrada (1958-1959) ou Wilmer Ayala (1957-1958) ont porté le maillot à l’étoile rouge. Tous ont laissé un souvenir magnifique dans la mémoire des supporters ; il faut dire que les valeurs de courage et de sacrifice si importantes pour le fier peuple guarani sont aussi appréciées du côté du stade Bauer…

François-Xavier Valentin

* Red Star, Histoire d’un siècle de Pierre Laporte et Gilles Saillant, à découvrir ou redécouvrir sur la boutique officielle !



Voir les autres articles