Joueur formé au club, Vincent Doukantie a disputé ses premières et ses dernières rencontres en tant que joueur sous le maillot vert et blanc… avant d'enfiler la tunique d'entraîneur au Red Star. Une expérience réussie cette année et une histoire qui se prolonge pour l'avenir : Vincent Doukantie sera toujours l'entraîneur du Red Star l'année prochaine ! Interview.

Tu as vécu une semaine riche en émotions avec la victoire à Créteil, la naissance de ton fils et enfin le maintien ce vendredi…
Je crois que cela a été l'une des semaines les plus fortes de ma vie. Tout était concentré : la naissance de mon fils et puis ce maintien en National, la réussite du premier objectif de ma nouvelle vie professionnelle. J'ai en plus passé l'oral de mon BE (Brevet d'Etat), donc c'était riche en émotions, oui !

Et puis, quelques heures avant la naissance de ton fils, tu avais également paraphé la signature de ton contrat qui scelle ton avenir avec le Red Star !
Exactement. J'avais mon contrat en main et j'ai presque dû filer dans la foulée à la maternité pour accompagner ma femme à son accouchement ! C'est un immense honneur.  Imaginez…  Je suis arrivé à 10 ans à Saint-Ouen, aux boutes en train. Je suis passé par le centre de formation. J'ai débuté ma carrière de joueur ici. Et maintenant, je débute ma carrière d'entraîneur dans le club de ma ville. Vous imaginez ?! Ce n'était pas joué d'avance que je puisse vivre tout ça et que l'on arrive à se maintenir. Mais il y a une histoire qui est en train de s'écrire.

Et une histoire qui peut durer longtemps puisque tu as en effet signé un CDI avec le Red Star ?
C'est vraiment pour moi un signe très fort. Cela démontre la confiance que le Président et le club ont en moi. Cela me permet de réfléchir et de penser au club à long terme. C'est toujours l'intérêt supérieur du club qui devra prévaloir. Ce sera ma seule ligne de conduite. Pour aller le plus haut possible. Pour faire partie de l'aventure.

Depuis ta prise de fonction, en octobre, le Red Star occupe la sixième place ex-aeqo au classement. C'est une performance incroyable. Comment expliques tu cette réussite ?
Il fallait donner confiance aux joueurs. Il fallait qu'ils acceptent de se mettre dans des conditions difficiles pour pouvoir atteindre les objectifs. Il fallait une prise de conscience. Et ils l'ont eu. On n'a jamais arrêté d'y croire.  Plus qu'à des joueurs, j'ai fait appel à des hommes. A leur mental et à leur coeur. "Notre coeur, notre force", c'est une devise qui résume cette année. Cela a été le fil conducteur. Après il y a eu un travail de "footeux" bien sûr, mais le point de départ de tout, c'était la prise de conscience.

Quels ont été les moments clés de cette saison ?
Il y a eu deux moments très forts. Le match de Colmar, tout d'abord. On a souffert. Mais, en donnant tout, on a été récompensé. Cela a été le message pour la suite de la saison : à chaque fois que l'on a tout donné, nous n'avons jamais été déçus du résultat. Il y a eu aussi le stage à Lorient. C'était extrêmement dur ce qu'on a demandé aux joueurs et ils ont répondu présents. Dans toutes les victoires, dans tous les matches qui ont suivi, il y avait ce qui est né là-bas. Les joueurs peuvent être fiers aujourd'hui de ce qui a été fait.

Personnellement, tu as occupé la place de joueur, d'adjoint, et d'entraîneur principal… Tu t'es mis au service du club toute l'année, tu as dû vivre beaucoup d'émotions ?
Bien sûr. Il y a eu du bonheur, de la fierté et de la tristesse aussi parfois. Quand vous devez choisir la composition pour affronter Marseille au Stade de France, c'est très, très dur. A chaque fois qu'il fallait faire des choix pour composer son groupe et forcément écarter certains joueurs, c'était difficile. Mais c'est le bagage d'entraîneur. Et ce maintien est tellement bon que cela efface toutes les difficultés que l'on a connu.

On se tourne maintenant vers l'année prochaine. Grâce au maintien déjà acquis, le club va pouvoir s'y activer pleinement…
Bien sûr. D'abord, il faut accélérer les prolongations. Cédric Sabin, Samuel Allegro, Geoffrey Malfleury sont aujourd'hui liés avec le club pour l'année prochaine. Tout comme Geoffrey Durbant. Les prolongations vont être le tout premier travail. Ensuite, on va bien déterminer les renforts qu'il nous faut par rapport à l'objectif du club.

La signature de Durbant, c'est une signature qui doit avoir un parfum particulier pour toi qui a été formé au club ?
Complètement. La formation, c'est l'ADN du club. Le Red Star est un club formateur.  Nous l'avons encore vu cette saison avec la qualification en Coupe de France à Tahiti avec une équipe de moins de 20 ans de moyenne d'âge sous les ordres de Sébastien Robert. Nos équipes de jeunes doivent être notre premier vivier de recrutement. Aller voir les matches des équipes réserves, ceux des U19, c'est essentiel. Je ne veux pas être juste entraîneur de l'équipe première. Je veux faire partie intégrante de l'équipe du club.

Quelles sont tes ambitions avec le Red Star ?
Il faut encore grandir. Acquérir de la maturité. Nous avons retrouver le National après dix ans d'absence et nous sommes parvenus à nous maintenir. Sans se projeter trop haut, trop vite, il faudra faire mieux l'année prochaine et se créer un objectif ambitieux.

Il y a encore des échéances pour les équipes de jeunes, avec notamment la course pour la montée dans les équipes réserves et en U19 ; et puis la lutte pour le maintien avec les U17, une équipe que tu connais bien !
Une vie de club s'est créée cette année, grâce l'installation du terrain synthétique à Bauer. Bauer est toujours en mouvement. Il y a toujours de la vie. Toutes les catégories se croisent. C'est une chance énorme. Le football et le sport en général, ce n'est pas que l'athlète, c'est aussi les liens qui se créent entre chacun. C'est ainsi que le club peut grandir. Les réserves et les U19 qui jouent la montée : cela montre le travail effectué au club depuis quelques temps. C'est la réussite de Sébastien Robert et de tous les éducateurs cette année. Concernant les U17, je souhaite à Oualid et aux joueurs de se maintenir. Ils en ont largement les capacités. Et puis je veux féliciter les U15 d'avoir acquis leur montée en DH.

Pour finir, as-tu un mot à rajouter ?
Je voudrais tout d'abord saluer les supporters qui ont toujours été là. Lors de chaque match, à tous nos déplacements, il y avait des supporters. Même dans la difficulté, même dans la série noire que l'on a connu, ils auraient pu être plus sévère avec l'équipe. Ils ont manifesté leur mécontentent, ce qui est normal, mais il ont aussi poussé l'équipe pour ne pas qu'elle lâche. Ils peuvent aussi être fiers du maintien car ils y ont contribué.

J'aimerai également remercier tous les gens qui travaillent au club. Tous ceux qui sont  dans les bureaux et qui ont participé activement au maintien. Je veux aussi remercier Romuald et ses équipes, Rachid et Nadia, et remercier tous les dirigeants du club et les éducateurs car ils m'ont soutenu toute l'année ! Enfin, je veux remercier tous les joueurs bien sûr ! On a vécu de belles choses, tous ensemble, avec le staff. L'aventure continue.

Crédit Photo : Philippe Le Brech