José Farias

Portrait d’un Audonien d’adoption


C’était un précurseur. De ceux qui voit et imagine le football avant les autres. Génial inventeur de la roulette, bien avant qu’un certain qu’un certain Zinedine Zidane ne la popularise aux yeux du grand public, José Farias a laissé une empreinte indélébile à Saint-Ouen. Alors qu’il aurait eu soixante-seize ans ce mois-ci, Redstar.fr se souvient.

Il faut avoir beaucoup fait pour l’Argentine, pour Boca et le football pour posséder sa photo dans les couloirs de la Bombonera. José Farias a cet honneur et il le mérite bien. Né à San Carlos de Bolivar, à quatre cents kilomètres de Buenos Aires, il rejoint la capitale alors qu’il n’a pas vingt ans. Loin de River, il sera Xeneize. Pour la vie. Son passage sur le terrain boquense se résume pourtant à une seule saison en équipe première et c’est dans des clubs moins prestigieux qu’il se fait définitivement un nom dans son pays (Gimnasia, Huracan…) et au-delà. Engagé par le Racing de Paris, il ne trouve pas ses marques, et c’est un autre Racing (celui de Strasbourg) qui recueille le talentueux argentin. Son passage en Alsace est un triomphe ; quarante-sept buts (en trois saisons), une Coupe de France et une inoubliable épopée en Coupe d’Europe où il fait tomber Milan et Barcelone (en marquant au Nou Camp) avant d’échouer face à Manchester en quart. Conscient d’avoir acquis à la Meinau « une endurance, une obstination, une force de caractère, et une volonté de gagner » nouvelles pour lui, il revient à Paris, au Red Star cette fois-ci.

Il inventait le football

« Un footballeur doit être un magicien avec une grande valise » aimait-il répéter. Bauer saura apprécier ses plus beaux tours. La roulette, certainement son plus fameux, enchante les supporters audoniens. Modeste, il avouera plus tard  » l’avoir vu faire par un illustre inconnu sur un terrain vague ». Toujours est-il qu’au sein du club audonien qui vient de retrouver la D1, il marque les esprits avec quatorze buts en championnat pour sa première saison. Pendant trois ans, il occupe la pointe de l’attaque et contribue largement au maintien des Vert et Blanc dans l’Elite malgré son âge avancé (34 ans lors de son départ). Très attaché à l’Etoile Rouge, il revient deux ans plus tard en tant qu’entraîneur. Relativement inexpérimenté à ce poste, il parvient pourtant après être descendu en D2 à faire remonter le Red ! Il quitte finalement Saint-Ouen après un début de saison manqué (1974).

De retour sur ses terres natales d’Argentine, il ne lâche pas son sport pour autant. Fondateur d’une école de football puis Président de l’Union latino-américaine des entraîneurs (ce qui l’amènera à faire visiter le centre de formation de Boca Junior à Aimé Jacquet). Il garde un lien fort avec le ballon rond, lui qui aimait tant apprendre et transmettre ses gestes techniques pour voir la fascination des enfants quand ils parvenaient à les réaliser. Emporté par une longue maladie en juin 2004, il laisse le football orphelin. Le magicien a repris sa valise.

François-Xavier Valentin



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