Philippe Troussier

Un entraîneur du monde !


Il a lancé sa carrière sur le banc du Red Star puis sur celui de Créteil. A la veille du derby entre les deux équipes, focus sur Philippe Troussier. Ce globe-trotter, décrit comme autoritaire et déroutant, a beaucoup fait pour l’Etoile Rouge avant de partir à la conquête du monde. Portrait.

Troussier, l’Audonien

Né à Paris, Philippe Troussier a gardé da la capitale le goût des cultures et du cosmopolitisme. L’Occident originel, Troussier l’a écumé en tant que joueur, avant de découvrir l’Orient, proche, moyen et extrême, pendant sa carrière d’entraîneur. Honnête défenseur de deuxième division, le jeune Philippe arrive à Bauer à vingt-deux ans. Sous les ordres de Roger Lemerre, il peine à se faire une place sur le terrain mais apprend d’un coach qui ne le laisse pas indifférent. Trop jeune pour souffrir avec l’Etoile Rouge, reléguée administrativement en DH, il part poursuivre sa carrière sous d’autres cieux, alors plus glorieux. Rouen puis Reims et un parcours dont il va tirer une véritable connaissance de ce que sont le footballeur et sa psychologie. Sa théorie ne demande qu’à être mise en pratique et c’est encore Saint-Ouen qu’il choisit comme champ expérimental. Alors en D3, le club audonien s’attache un entraîneur d’à peine la trentaine, inconnu du milieu. Un risque que les Vert et Blanc ne vont pas regretter. Deuxième à un point de… Créteil et de l’accession pour sa première saison, Troussier ramène le Red en Ligue 2  lors de sa deuxième tentative en 1988-89. Un premier succès de coach suivi d’un départ un peu forcé et d’un mauvais choix puisque son bail à Créteil dure à peine quelques mois.

L’heure du sorcier blanc

Le grand continent noir l’accueille alors ou plutôt le recueille. Un geste que cet intello du foot n’oubliera jamais au point de devenir Ivoirien pour témoigner son amour à un pays qui l’a adopté. Philippe Troussier acquiert la nationalité dans les années 90 après 105 matches d’invincibilité à la tête de l’ASEC Mimosas et trois titres de champion. Après également un an à la tête des Eléphants avec qui il manque de peu la qualification pour le Mondial 1994. A Abidjan, Troussier gagne le surnom de Sorcier blanc et le respect au-delà des frontières ivoiriennes. Du Nord (Maroc), au Sud (Afrique du Sud), à l’Ouest (Nigéria et Burkina-Faso), l’entraîneur apprivoise l’Afrique et ses sélections. Il l’aime et ses victoires rendent cet amour réciproque : de Lagos où il qualifie les Super-Eagles pour le Mondial, à Ouagadougou qui chante ses louanges  quand le Burkina atteint pour la première fois les demis de la CAN (1998), en passant par Joburg qu’il fait vibrer en ramenant deux nuls de la coupe du Monde avec les Bafanas Bafanas, sa côte de popularité est au sommet.

L’Asie, terre d’adoption

Homme de défi, Philippe Troussier accepte les rênes de l’équipe du Japon. Il gagne encore et comme toujours. Champion d’Asie, il parvient à hisser la sélection nipponne en huitième de finale de sa Coupe du Monde (2002). Les heures de gloire sont terminées.

Avant-gardiste, il est l’un des premiers à prendre un poste au Qatar. Sa politique de naturalisation massive de talents sud-américains déçoit ses admirateurs et lui attire les foudres de la FIFA. Le sorcier rentre au bercail, au chevet d’un Olympique de Marseille mal en points, assommé par huit défaites consécutives face au Paris Saint-Germain. Sa prise de fonction est un nouvel échec bien qu’il stoppe la série noire dans les confrontations face aux Parisiens (1-1 en février 2005 au stade Vélodrome). Renvoyé avec perte et fracas, il rebondit avec la sélection du Maroc, pays où il s’installe et dont il adopte la religion musulmane. Ses méthodes autoritaires, de plus en plus mal acceptées dans un football moderne où le joueur est sacralisé, nuisent sa réputation et c’est en Chine (depuis 2011) qu’il tente de se relancer à Shenzhen. Un choix de vie peu surprenant pour celui qui a fait du football une façon de découvrir le monde.

François-Xavier Valentin



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