Le regard de Chambaz

L'écrivain en résidence a rencontré Vincent Planté

Avant-dernière chronique de cet automne, largement consacré aux gardiens de but qui ne l'ont pas volé, un automne commencé avec Bobby Allain le numéro 1, et finis­sant en beauté par Vincent Planté, le numéro 16, comme son modèle Barthez dont il apprécie le rôle dans l'évolution du poste par son jeu au pied. Par ailleurs, il semble­rait qu'ils aient le même coiffeur. Sur les deux autres marches du podium, il cite Ol­meta pour son côté fantasque et Lama pour sa technique hors pair.

  Il a eu une enfance citadine, à Lille, une enfance heureuse, avec un frère et une soeur qui faisaient aussi du sport – au pluriel, gymnastique, hockey sur patins et foot­ball. Mais pourquoi les buts? Il avait donc six ans, il est arrivé à la première séance, il fallait deux gardiens, les entraîneurs ont pris les deux plus grands. A quoi ça tient une vocation et un destin ! Dès le club de Marquette-lez-Lille, il a un bon entraîneur qui lui apprend les gestes essentiels, la prise de balle, avec des gants « Mapa». A douze ans, il émigre de l'autre cô­té de la D 617, à Wasquehal, où un vieux synthétique brû­lant remplace l'herbe douce, avant de partir au centre de formation de Cannes puis de connaître la belle carrière qu'on connaît.  

  Maintenant il veut rendre à ses trois enfants ce qu'il a reçu de ses parents. Les ac­compagner « avec mon épouse » – dit-il joliment et justement – aux entraînements et aux matchs, à la crèche, à l'école, ce qui permet de côtoyer un autre monde que le monde du foot. Et puis, il apprécie plus que tout la franchise et la droiture. D'ailleurs, le capitanat lui va comme un gant. 

  De la gymnastique, notamment des exercices aux barres parallèles, il a gardé une grande souplesse et le sens des repères dans l'espace. Il considère qu'il a eu la chance d'être peu blessé. Il commence aussi à faire partie du club des joueurs dont la longévi­té impressionne. Jadis, il s'était fixé jusqu'à trente-cinq ans. Il les aura en novembre pro­chain. Dès maintenant, il ne se fixe plus de limites. Il a raison. Il ajoute – « mon corps me le dira ». Ensuite il se verrait bien en entraîneur des gardiens, pourquoi pas au Red Star.

  A part le football et sa famille qu'il rejoint le week-end quand il n'est pas sur le banc en Coupe de France, qu'est-ce qui lui plaît dans la vie : le golf qu'il pra­tique depuis quatre à cinq ans, qui lui assure des plages de calme et l'impression de s'évader. Il a un véritable ami, Xavier Mercier, un beau numéro 10 à Boulogne. Quant à ma ques­tion sur la couleur du maillot qu'il préfère porter, j'en suis pour mes frais. Indifférent ! Ce qui importe c'est le résultat du match. Car, même si le joueur est de la « marchan­dise », comme eût dit Kopa, un autre chti célèbre, il tient à bien faire le métier. 

  La conversation passe trop vite. On le sent passionné, modeste et déterminé. « Je pense tout ce que je dis » me dit-il encore à la fin. Ca tombe bien parce que – moi aussi – je pense tout ce que je dis et je pense même tout ce que j'écris.

Bernard Chambaz



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