Safet Susic

Un artiste au Red Star


Safet Susic, l’enchanteur, le virtuose, le magicien, le prince du Parc, rejoint le Red Star à l’aube de la saison 1991-1992. Un mariage entre deux étoiles du football : l’une rouge cerclée de vert ; l’autre yougoslave aux pieds de velours. Retour sur la seule année de cet artiste sous les couleurs du Red, marquée par un beau parcours du club en Coupe de France.

C’était un 12 juillet, une date décidément fameuse dans l’histoire du football français, Safet Susic en fin de contrat au Paris Saint-Germain venait de s’engager au Red Star. Dix-neuf ans après, ses premiers pas au stade Bauer sont encore dans les mémoires : après quelques jongles sur le terrain devant les journalistes, le Bosnien rentre aux vestiaires. A son arrivée, ses nouveaux coéquipiers se lèvent spontanément et l’applaudissent. Un accueil en forme d’hommage, car les joueurs du Red ont conscience que les rejoint un immense champion. Sacré meilleur joueur de Bosnie de tous les temps, recordman de passes décisives (61) de l’histoire du PSG, Safet fait partie des plus grands. Son transfert chez les Vert et Blanc est un évènement. Son visage s’affiche partout sur les murs de Seine-Saint-Denis avec ce message « Ici on cultive nos étoiles ».

L’élégant Yougoslave entame le championnat de D2 à son poste fétiche de meneur de jeu, derrière un duo d’attaquants constitué de Samuel Michel et Serguei Rodionov. Ses débuts sont encourageants, sa classe et sa technique sont intactes mais son corps, habituellement si solide (jamais blessé durant toute sa carrière parisienne), craque. Usé par les efforts à répétition, touché par les tacles rugueux de défenseurs qui n’ont pas érigé en valeur le respect des artistes, son genou cède dès la quatrième journée. Toute sa saison va être rythmée par ces blessures à répétition. Son genou capricieux ne le laissant jamais tranquille, il finira au courage, sans ligament croisé, jouant quasiment sur une jambe !

En championnat donc, il ne peut donner sa pleine mesure, il participe malgré tout à une grosse quinzaine de matches marquant au passage à trois reprises. Mais l’épreuve de « Magic Susic », c’est la coupe et ça tombe bien car c’est aussi celle que préfère le Red Star ! Cette année-là, la vieille dame fête ses 75 ans. Le club audonien qui l’a conquise cinq fois compte bien s’appuyer sur son stratège pour réaliser un beau parcours. Le Red entre au 7e tour de la compétition contre Beauvais (D2), et se qualifie aux tirs au but malgré l’échec de Susic dans cet exercice. Après l’élimination de Sedan (D2) au huitième tour, puis de Cambrai en 32e, le Red affronte Alès (D2) du jeune Sabri Lamouchi et passe encore une fois … aux tirs au but ! La chance est avec les redstarmen et le tirage au sort leur offre de recevoir Guingamp (D2) à Bauer. C’est un duel de buteur puisque le breton Guivarch affronte la nouvelle coqueluche audonienne Steve Marlet ; le choc tourne à l’avantage du francilien qui marque. Le Red est en quart de finale et Susic aura grandement contribué à ce succès.

C’est maintenant l’AS Cannes qui se dresse face à l’équipe de Saint-Ouen. Le match a lieu à Lyon. Safet Susic ne le sait pas encore mais il dispute, ce soir là, le dernier match de sa carrière. Son genou cède une nouvelle fois et le contraint à sortir prématurément. Le Red, sans son numéro 10, craque en prolongation et ne verra pas les demies. Mais l’essentiel est ailleurs, ce soir le grand Safet a tiré sa révérence. Face à une équipe cannoise orchestrée par un certain Zinedine Zidane, c’était un beau symbole, mieux un passage de témoin.

François-Xavier Valentin



Voir les autres articles