Paul Nicolas

Portrait d’un avant-centre de caractère


C’était un enfant du Red Star. Né presque avec lui, en ce  XIXe siècle finissant, il a donné au club de Saint-Ouen ses premières lettres de noblesse, avec notamment la conquête des quatre premières coupes de France.  Redstarfc93.fr rend hommage à celui qui, avec Gamblin et Chayriguès, a écrit une partie de l’histoire du Red Star.

Un recrutement insolite
Les troupes françaises occupent la Rhénanie depuis la fin de la Grande guerre quand le deuxième classe Paul Nicolas part en permission pour Paris. En ce jour de mars 1919, il croise sur le quai de la gare un capitaine dans le corps du Génie, dans une autre vie capitaine génial du Red Star : Lucien Gamblin. « Lulu » s’est mis en tête de recruter celui qu’il sait être un avant-centre plein d’adresse. Usant de son grade autant que de sa gouaille, il y parvient. C’est le début d’une histoire de presque dix ans entre le club de Saint-Ouen et le môme de Paris. Orphelin de mère à trois ans, et de père à quinze ; Paul Nicolas trouvera au Red Star, une sacrée bande de copains, talentueuse et fraternelle.

Buteur hors-pair
Celui qui avait commencé à jouer défenseur va vite se rendre compte que son destin se situe aux avant-postes. Joueur complet et percutant, habile des deux pieds, « précurseur des plus grands avant-centres, prototype de l’attaquant moderne, buteur dans l’âme mais tout aussi altruiste dans le dernier geste »*, il possède des qualités exceptionnelles. Celles-là même qui vont conduire le Red Star au sommet. Dès sa première saison, il remporte la Coupe de France (1921) contre l’Olympique de Paris, puis récidive l’année suivante (1922) en marquant en finale contre Rennes. Rebelote l’année suivante pour un triplé historique (1923) sans inscrire le moindre but cette fois. Il clôt son palmarès en 1928 gagnant à nouveau le trophée contre le CA Paris. Ses statistiques sont impressionnantes avec le Red et c’est logiquement qu’il rejoindra l’équipe de France régulièrement entre 1920 et 1931, en devenant même le capitaine à partir de 1925. En trente-cinq sélections, il marque vingt fois et participe aux Jeux Olympiques à trois reprises (1920, 1924, 1928). Pas de coupe du Monde par contre pour clore cette magnifique carrière : amateur, le grand moustachu  ne pouvait se permettre de fermer son commerce le temps d’un voyage en Uruguay…

Un destin tragique
Après neuf ans (1920-1929) à Saint-Ouen, Paul Nicolas quitte la banlieue parisienne pour Amiens où il termine sa carrière de joueur. Amoureux du ballon rond, il ne peut se résoudre à quitter le monde du football. Dotée d’une forte personnalité, il prend la tête du groupement des clubs autorisés (ancêtre de la Ligue de Football) avant de devenir directeur de l’Equipe de France avec qui il participe à « l’épopée de Suède » (troisième du mondial 1958). Mais, au retour d’un France-Belgique disputé en 1959 à Colombes, Paul Nicolas est victime d’un terrible accident de voiture qui lui coûte la vie. Sa mort tragique secoue tout le football français. A soixante-ans, la première idole audonienne disparaît. Un demi-siècle plus tard, son souvenir, lui, est toujours vivant.

* « Red Star, Histoire d’un siècle » de Pierre Laporte et Gilles Saillant, à découvrir dans la boutique officielle !

François-Xavier Valentin



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