Carlos Monin

L’esprit du Red Star !


Arrivé au Red Star par la grâce d’une improbable fusion avec le TFC, Carlos Monin en est devenu une des figures les plus marquantes. Ses états de service sont remarquables : joueur, entraîneur-joueur et entraîneur pendant presque une décennie, le Paraguayen a laissé à Bauer une empreinte indélébile. Celle d’un joueur qui ne renonce jamais. Portrait.

L’Amérique du Sud l’adopte

Les familles heureuses se ressemblent toutes, au Paraguay comme dans la Russie de Tolstoï. Ni la dictature fascisante naissant en même temps que lui dans son pays (1939), ni le poids de dix frères et sœurs n’ont empêché le jeune Carlos Monin de vivre une enfance insouciante. La jeunesse d’un gamin aux pieds nus  apprivoisant le ballon dans les rues de Concepcion, sa ville. L’adolescence d’un espoir international des moins de quinze ans dès sa première année sous licence. La vie d’adulte d’un exilé du football. Car la carrière de Carlitos commence véritablement au Brésil au glorieux Maracana. Repéré par le grand Flamengo, il signe au Mengão alors qu’il n’a pas vingt ans. Un bail de deux ans et des souvenirs éternels. Un Fla-Flu devant 170 000 personnes en guise de première, et la certitude de ne jamais connaître ailleurs « une telle passion populaire« , la récompense de représenter son pays en équipe nationale aussi (18 sélections) lors des éliminatoires du Mondial 1962.

La France le consacre

Star sur son continent, Monin choisit de tenter sa chance en Europe et atterrit à Toulouse. Il y reste cinq ans et garde de cette époque la mémoire d’ »une équipe sérieuse et homogène » dans un cadre de vie « plaisant« . L’improbable fusion que réalise alors le TFC et l’Etoile Rouge le propulse à Saint-Ouen. Il a vingt-huit ans. Bauer l’adopte et en fait sa coqueluche, défenseur de devoir, dur sur l’homme, il reste six saisons à Saint-Ouen. Des années de bonheur puisque le club demeure dans l’élite continuellement, avant de descendre en 1973, l’année justement où le grand Carlos raccroche les crampons. Ces duels homériques avec le marseillais Skoblar sont restés fameux. Parfois limite, ces tacles font sa réputation, sa légende noire, aussi, parfois : un jour où l’Olympique Lyonnais se présente à Bauer, Monin jaillit sur Di Nallo, le contact est violent, « un bruit sec résonne dans les tribunes comme un bois qui finit de se consumer » (Red Star, Histoire d’un siècle) ; le petit prince de Gerland a la jambe brisée. Alors qu’il est évacué sur une civière, Carlos Monin, grand gaillard d’1m83 et quatre-vingt trois kilos, pleure. Une action qui dit tout des forces et des faiblesses de cet homme : un engagement de tous les instants, une sensibilité à fleur de peau.

Son tempérament, il le met au service du club dès sa carrière terminée en devenant coach de l’équipe réserve (1974-1978), puis de l’équipe 1 du RSFC. Sa fidélité est exemplaire puisqu’il ne lâche pas le club dans ses heures les plus sombres et reste entraîneur malgré la rétrogradation en DH  (1978).

Convoquer son esprit

Idole éternelle du peuple Vert et Blanc, Monin reste par sa garra, sa puissance, sa vitesse et sa technique, un des plus brillants défenseurs passés par Bauer. A l’heure où l’Etoile Rouge joue sa survie en National, quoi de plus légitime pour les supporters audoniens d’invoquer son esprit ? Alors oui vendredi soir à 20h, on veut onze Carlos Monin !

François-Xavier Valentin



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