« J’en ai rêvé, je l’ai fait. »

Deuxième chronique de Bernard Chambaz

Lundi 6 octobre à 18h30 s'est tenu un match de gala entre les éducateurs/administratifs du Red Star et l'Association des Écrivains Sportifs dont Bernard Chambaz. Le romancier en résidence littéraire cette saison au Red Star revient sur cette rencontre avec sa deuxième chronique de la saison !

   Après des générations de bons joueurs et de grands joueurs, après Yachine, j'ai foulé la pe­louse du stade Bauer. Même si la pelouse n'est plus la même pelouse. En tout cas, je l'ai foulée comme on foule l'enceinte sacrée d'un stade olympique ou « la poussière de marbre » chère à Lamartine. J'avais déjà joué sur toutes les surfaces qui s'y prêtaient : pelouse en herbe, terre avec ou sans mottes selon les saisons, stabilisé plus ou moins bien draîné, sans oublier le ciment de la cour de l'école et le pavé des rues ici et là de par le monde. Pour la pre­mière fois, j'ai posé mes crampons – moulés et tout neufs – sur une pe­louse artificielle c'est à dire synthétique. C'est peut-être la pelouse du pauvre, à en croire un entraîneur breton, mais j'ai trouvé ce gazon ac­cueillant et je suppose qu'il requiert l'attention d'un « jardinier ». 
    Ce lundi, à 18 heures trente, à l'heure même où le président Hollande s'entretient avec Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, le coup d'envoi est donné. L'enjeu est de taille.  La rencontre oppose – autant qu'elle réunit – l'équipe des éducateurs du Red Star et l'équipe des écrivains-sportifs. Cela dit, si les éducateurs sont bien des éducateurs qui forment les jeunes du club, les écrivains-sportifs sont plus difficiles à cerner ; d'une part, je ne suis pas davantage écrivain-sportif qu'écrivain-voyageur, je suis écrivain et sportif et voyageur et citoyen et amoureux etc. ; d'autre part, l'équipe est heureuse­ment renfor­cée par quelques talents bienvenus qui ont aussi l'avantage de faire sensi­blement bais­ser la moyenne d'âge. 
    En tout cas, les éducateurs sont en vert, les écrivains en jaune. Le ciel est noir et les tribunes – il faut bien le reconnaître – vides. La rencontre se déroule sous une pluie battante, la première depuis un mois, ce qui prouve qu'on a bien choisi le jour et l'heure. Il faut dire que la pluie m'a toujours transcendé. Mais je m'aperçois sans tar­der qu'il manque quelque chose – les flaques, le ploc-ploc des grolles, la boue qui fai­sait le bon­heur de notre jeunesse, sachant qu'elle a duré long­temps. A l'inverse, la pluie accélère encore le jeu qui – de mon point de vue – n'en a pas vraiment besoin. Le ballon va déjà assez vite comme ça, sans même parler du pied gauche de Sébas­tien Ro­bert.
   Le résultat n'est certes pas l'essen­tiel, mais je dois à la vérité de préciser que nous avons perdu, 4 buts à 2, du moins était-ce le score quand je suis sorti, un peu avant la fin, pour laisser la place à ceux qui n'avaient pas beaucoup joué et commençaient à se les geler – les pieds – sur le bord du terrain. Pourtant, tout avait bien débuté pour nous, avec un but d'anthologie d'un écrivain-sportif-du-service-des-sports-du-9-3. Tout n'avait pas trop mal continué, grâce à nos deux gardiens de but et un arbitrage bien­veillant. Ce n'est qu'en seconde mi-temps que notre défense a pris l'eau – mais c'était de circonstance. Et tout s'est terminé trop vite. Mais j'attends déjà le match re­tour, en mai, pour fêter mon anniversaire et la montée en Ligue 2. 

Bernard Chambaz



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